De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar La violence dans les stades de football prend des proportions alarmantes. Après les horribles fins de matches de la saison dernière, on reprend cette année avec les mêmes scènes de vandalisme. La menace pèse sur tous les paliers de la compétition. Division une, super division deux ou régionale, tous les championnats sont gangrenés par cette brutalité gratuite qui fait souvent des victimes innocentes. Aucune région n'échappe à cette spirale infernale. A l'est, à l'ouest et au centre du pays, le hooliganisme frappe de plus en plus fort. Gradins saccagés, attaques contre les supporters des équipes adverses, dégradation de biens privés (véhicules, commerces…), insécurité chronique aux abords des enceintes sportives et pillage, la liste des dégâts reste encore longue. Les forces de l'ordre public sont souvent dépassées par l'ampleur de ce phénomène anarchique qui inquiète tout le monde. Il suffit d'une petite étincelle pour mettre le feu aux poudres. Un match nul concédé à domicile, un petit soupçon sur l'impartialité de l'arbitre ou une rivalité prononcée sur le terrain peuvent donner lieu à des bagarres rangées entre les galeries des deux adversaires du jour pour mettre tout sens dessus dessous. Les déclarations passionnées de certains dirigeants ou les accusations proférées par des athlètes dans les colonnes de la presse dite spécialisée agissent comme des catalyseurs sur cette furie qui sommeille en chaque supporter. Le fléau est complexe. Il exige la participation de toutes les parties concernées pour, au moins, diminuer de sa virulence. Les pouvoirs publics, les associations sportives, les acteurs de la société civile ou même la petite famille sont aujourd'hui interpellés. Ils doivent agir de concert pour bannir la violence dans toutes ses formes. Les sanctions sportives prononcées par les instances fédérales et les ligues ne peuvent, à elles seules, atténuer la gravité de la situation. Astreindre une équipe à jouer à gradins vides, lui imposer une domiciliation en dehors de ses bases, suspendre un joueur ou un technicien pour une durée déterminée ne sont que des palliatifs qui, parfois, confortent le sentiment d'injustice et de frustration parmi les fans de la formation incriminée. Les staffs dirigeants et techniques au sein de tous les clubs ont un rôle très important à jouer pour moraliser la discipline. Les déclarations ordurières, les atteintes au fair-play et les carences de l'organisation doivent être punies à ce niveau d'abord. Les présidents de club, les entraîneurs ou les managers sont tenus de respecter, en premier, ce minimum déontologique pour prétendre au professionnalisme. Les comités de supporters doivent également être encadrés par des personnes irréprochables et parfaitement conscientes du rôle qui est le leur. A ce niveau toujours, chaque comité aurait une élite de «stadiers» pour structurer et organiser ses fans. Il s'agit de préserver leur propre image. La société civile a également une mission de sensibilisation à remplir. Le mouvement associatif, les organisations de masse ou les petits comités de quartier doivent marquer leur présence en dénonçant le recours à la violence et en vulgarisant les valeurs, authentiquement solidaires et fraternelles, du sport et du football en particulier. Les médias, notamment la presse dite spécialisée, ont une grande responsabilité dans la vérification des informations et la dénonciation des comportements contraires à l'éthique sportive. Ils ne doivent plus servir de relais aux rumeurs et aux échanges d'insultes entre les responsables de différentes formations sous peine d'être, à leur tour, sanctionnés par leurs pairs. Là encore, l'éthique et la déontologie ont des progrès à faire. En gros, la question, fondamentalement culturelle, interpelle tout le monde.