Un nouveau gouvernement d'«union nationale» principalement issu de la rébellion, de l'opposition et de la société civile a été annoncé, à trois jours du sommet extraordinaire à N'Djaména de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (Ceeac) consacré à la crise centrafricaine. Les passations aux ministères auront lieu cette semaine. Composé de 34 membres, le gouvernement comprend neuf ministres issus de la coalition rebelle Séléka au pouvoir depuis une semaine, huit issus de l'ancienne opposition et un ex-proche du président déchu François Bozizé, le reste étant réparti entre la société civile et différentes mouvances politiques. La plupart des hommes de troupe du Séléka semblent être satisfaits. Mais certaines critiques s'élèvent déjà dans les rangs de l'opposition. Lundi, une partie de cette dernière a même menacé de suspendre sa participation au gouvernement. Le Premier ministre sortant, issu de l'opposition, Nicolas Tiangaye, a été reconduit dans ses fonctions par le nouvel homme fort de la Centrafrique, l'ex-rebelle Michel Djotodia. Il avait promis que toutes les tendances de la vie politique seraient représentées dans son nouveau gouvernement, comme le prévoyait l'accord signé en janvier à Libreville entre pouvoir, opposition et rébellion. Mais, bien que plusieurs dirigeants de l'ancien régime de François Bozizé, tombé le 24 mars, se soient dits prêts à coopérer, un seul a été retenu: Claude Lenga, qui hérite du poste de ministre délégué à l'Enseignement professionnel et fondamental. Un sommet extraordinaire de la Ceeac consacré à la Centrafrique doit se tenir à N'Djaména. Le président sud-africain, Jacob Zuma, a annoncé qu'il se rendrait à N'Djamena, après un hommage aux 13 soldats de son pays tués en tentant d'empêcher les rebelles d'entrer dans Bangui. La plupart des magasins sont fermés à Bangui. En revanche, les pillages se poursuivent, notamment dans l'arrière pays. Des exactions ont été commises dans l'Ouest, dans les villes de Berberati et Bouar, ainsi que dans le Centre-est. «Nous sommes en train de sécuriser le pays mais il y a des Faca (forces armées centrafricaines) qui sont en déroute en brousse, il y a des Mbororo (éleveurs peuls) et des bandits déguisés en Séléka qui commettent des exactions», a affirmé le nouveau ministre de la Sécurité, Nourendine Adam. La situation sanitaire dans les hôpitaux de Bangui qui est déjà «catastrophique» selon la Croix-Rouge, risque d'empirer en raison notamment de l'absence de personnel médical et du nombre important de blessés à opérer. Les Etats-Unis ont condamné la prise de pouvoir «illégitime» des rebelles du Séléka «par la force» en Centrafrique, appelant à la tenue rapide d'une élection présidentielle et au «rétablissement d'un gouvernement conformément à la Constitution». Agences