Les chefs d'Etat d'Afrique centrale se sont réunis hier à N'Djamena pour un sommet sur l'avenir de la Centrafrique, à l'initiative de son influent voisin tchadien, dix jours après la prise du pouvoir par la rébellion du Séléka à Bangui. Invité à se joindre aux discussions, le président sud-africain Jacob Zuma en personne a fait le déplacement avec trois de ses ministres (Relations internationales et Coopération, Défense, Sécurité d'Etat), signe de l'importance de cette épineuse affaire pour l'Afrique du Sud. Au moins 13 soldats sud-africains avaient été tués le 24 mars par la rébellion qui faisait alors son entrée dans Bangui, quelques heures avant de renverser le régime de François Bozizé. Les présidents congolais Denis Sassou N'guesso, béninois Thomas Yayi Boni, gabonais Ali Bongo Ondimba et équato-guinéen Téodoro Obiang Nguema sont arrivés dans la matinée dans la capitale tchadienne. Ce sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (Ceeac) a été convoqué par le dirigeant tchadien Idriss Deby Itno, qui préside l'instance régionale. Tous se sont retrouvés pour un huis clos avant l'ouverture officielle de la rencontre. Au programme figure la délicate question de «l'habillage constitutionnel» qui devra donner un semblant de légitimité au nouveau régime centrafricain, non reconnu internationalement. Une des idées est de revenir, avec quelques aménagements, à la Constitution qui a été suspendue par le nouvel homme fort de la Centrafrique, Michel Djotodia. La communauté internationale, à qui la Centrafrique a demandé une aide d'urgence, devrait presser Djotodia d'exiger des garanties quant à son départ du pouvoir, annoncé pour 2016, voire accélérer la transition censée mener à des élections libres et transparentes. «La transition ne doit pas durer trois ans, on doit faire une courte transition. Et les bonnes transitions sont celles qui ne durent pas», a déclaré hier le Commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine (UA) l'Algérien, Ramtane Lamamra. Un exercice qui a ses limites. «Il ne faudrait pas qu'on déshabille ou humilie Djotodia. Il ne faut pas oublier qu'il y a 3 000 rebelles de la coalition Séléka en ville», rappelle une source proche du gouvernement. Djotodia ne devait pas participer à ce sommet, contrairement au Premier ministre Nicolas Tiangaye, avocat issu de l'ancienne opposition au régime de Bozizé et, pour le moment, seule personnalité «légitime». L'ancien Premier ministre et opposant centrafricain Martin Ziguélé, ainsi que le très médiatique porte-parole du Séléka, Eric Massi, qui n'avait pas quitté Paris depuis le début des hostilités, sont également présents. Ce sommet n'a pas lieu par hasard à N'Djamena, alors que le Tchad est habituellement un acteur incontournable dans les soubresauts politico-militaires de la Centrafrique, et que son rôle semble se confirmer dans la chute de François Bozizé. Le président déchu a lui-même accusé mardi, sur BBC Afrique, le Tchad de l'avoir lâché et d'avoir même «mené l'opération du dimanche 24 mars» et «attaqué la base des Sud-africains». Agences