La pratique sportive parmi les femmes, en dépit des contraintes matérielles et de multiples barrières socioculturelles, a gagné beaucoup de terrain. Les milieux scolaires et universitaires ont joué un rôle important dans ce registre. Sans l'école, la femme algérienne n'aurait pas eu la chance de s'illustrer dans les arènes sportives comme elle le fait aujourd'hui. La scolarité a battu en brèche les préjugés et les idées rétrogrades qui écartaient la féminité de l'espace public. En effet, la généralisation du sport scolaire permet aux fillettes d'investir ce domaine traditionnellement réservé aux garçons. Les enseignants de l'éducation physique et sportive (EPS) ont largement contribué dans la détection des talents et l'initiation des jeunes filles aux différentes disciplines sportives. Un grand effort de sensibilisation a été réalisé par ces enseignants formateurs à l'endroit des familles pour permettre à leurs filles d'intégrer ensuite divers clubs civils dont ils assurent, eux-mêmes, la direction technique. De nombreux enseignants d'EPS, exerçant dans les écoles primaires, les CEM ou les lycées, encadrent en parallèle nombre de clubs amateurs. Cette double casquette crée couramment une relation de confiance qui convainc toujours les parents. Aujourd'hui, familles et proches encouragent la gent féminine à se lancer sans complexe dans le sport. L'apport du sport scolaire et universitaire dans l'ancrage de cette culture est, rappelons-le encore une fois, déterminant. Des championnes olympiques et des athlètes de stature internationale comme Zhor Guidouche, Sakina Boutamine, Samia Benmaghssoula, Hassiba Boulmerka, Salima Souakri, Soraya Haddad, Nouria Benida Merah, Baya Rahouli et des centaines d'autres ont fait leurs premières armes à l'école où l'université, avant de hisser très haut l'emblème algérien dans les grands rendez-vous internationaux. C'est pourquoi les autorités de tutelle devraient constamment accorder une attention particulière au sport scolaire et universitaire, véritable réservoir pourvoyeur de talents. Dans une wilaya comme Béjaïa, qui passe pour un bastion du sport féminin, cette proximité entre le système scolaire et le mouvement sportif a été fondamentale dans l'émergence de plusieurs disciplines collectives, comme le volley-ball, le handball et le football. Le développement du volley-ball féminin national doit beaucoup à cette école béjaouie qui a imprimé son cachet à la sélection algérienne. Avec quatre clubs en Nationale I et une forte présence au sein des équipes nationales, le volley féminin est une discipline qui force le respect au sein du mouvement sportif local grâce au brillant palmarès des équipes comme l'ASWB, le MBB, le NCB et RC Seddouk ou l'OS El Kseur. On pourrait en dire autant pour la petite balle et la formation phare de la JS Ouzellaguen. Le sport roi compte des centaines de disciples parmi les femmes de la Soummam. Citons quelques sigles comme le FCB, qui évolue en Nationale I avec d'autres clubs prestigieux, à l'instar d'Affak Relizane ou de l'ASE Alger-Centre. Aujourd'hui, on compte cinq clubs de football féminin, évoluant à divers paliers de la compétition, à travers la wilaya de Béjaïa. Dans ce bref inventaire, on doit citer aussi les arts martiaux, avec la célèbre école d'El Kseur comme porte-étendard, qui a enfanté aussi de grandes championnes. L'Athlétisme, avec la fameuse pépinière de Souk El Thenine, qui ne cesse de marquer des points. En matière de sports mécaniques, l'unique club de la région est féminin. En effet, la LSMWB (Ligue des sports mécaniques de la wilaya de Béjaïa) a participé à plusieurs courses en Algérie et à l'étranger (Maroc, Tunisie). Tous ces progrès restent cependant à valoriser. Car, on ne doit pas ignorer les tabous encore vivaces qui paralysent les femmes dans plusieurs localités et villages éloignés. Il en est de même pour la femme mariée qui met automatiquement un terme à sa carrière pour, soi-disant, satisfaire à ses obligations de mère de famille. Le développement du sport féminin passe inexorablement par l'école et l'université auxquelles ont doit offrir tous les moyens nécessaires. Au sein des clubs civils, ensuite, la tutelle et les sponsors sont appelés à accorder plus d'intérêt aux filles qui manquent terriblement de moyens, y compris les plus élémentaires. K. A.