Les dernières révélations de Wikileaks, reprises par le journal espagnol El Pais, livrent les notes que l'ambassadeur de France à Alger avait présentées à l'ambassadeur américain. On apprend, à travers ce document, que Bernard Bajolet - passé depuis peu directeur général de la Dgse -, faisait passer des évidences pour des analyses sur la situation et l'évolution des choses en Algérie. Les révélations indiquent, dans ce sens, que Bernard Bajolet n'avait pas assez d'espoir pour l'Algérie au moment où il était ambassadeur de France en Algérie. Un constat qu'il n'a pas transmis à des officiels algériens. Le câble diplomatique obtenu par Wikileaks montre également l'idée que se faisait Bajolet sur l'Algérie. Il estimait, dans ce sens, que l'Algérie est «un pays immobile et qui ne parvient pas à se stabiliser politiquement». Ces réflexions, Bajolet les transmettait le 23 janvier 2008, à l'ambassadeur américain en Algérie. M. Bajolet expliquait donc à l'ambassadeur américain que l'Algérie se dirigeait vers l'instabilité. En matière de gouvernance, l'ex-ambassadeur et futur directeur de la Dgse, attribuait au gouvernement algérien une incapacité de «prendre et d'assumer des décisions difficiles». Pour ce qui est des partis politiques, il a noté que ces derniers ne bénéficiaient pas d'assez de liberté, ni d'espaces d'expression. Tout comme, il a souligné un «manque de projet politique à long terme chez les formations politiques». Les deux facteurs cités expliquent, selon Bajolet, le désintérêt des populations pour l'activité politique et leur peu d'enthousiasme pour les échéances électorales. A propos de la révision de la Constitution en novembre 2008, Bajolet a estimé que «l'armée avait accepté la révision afin de permettre un troisième mandat à Abdelaziz Bouteflika». «Les Algériens, pour l'ex-ambassadeur, consentaient car ils estimaient que ce serait sans doute le dernier mandat.» Concernant le climat des affaires, Bajolet, contrairement à ce qu'il déclarait dans les soirées qu'il parrainait sur les hauteurs d'Alger, que le climat des affaires est très compliqué. Dans ses notes, il a mis en évidence que «le climat des affaires est très compliqué et fermé aux investisseurs étrangers». Bajolet notait aussi que «la création de l'emploi est presque inexistante en Algérie». Sur la politique économique, il a relevé son incapacité à atteindre un bon niveau. L'explication qu'il donne est que cette économie est plombée par la corruption. Dans ses notes diplomatiques, Bajolet a exprimé ses inquiétudes sur la situation sécuritaire en Algérie, notamment sur le rôle de l'Aqmi et sa nuisance. Bajolet avait estimé, que «l'Algérie était clairement dans la ligne de mire d'Aqmi, qui ciblait le gouvernement algérien pour le mettre dans une situation délicate et le fragiliser». Il a ajouté que «l'Aqmi s'attaquait aux étrangers pour les chasser d'Algérie». A. Y.