Le juge d'instruction chargé des affaires de terrorisme à l'annexe de la Cour d'appel de Salé, au Maroc, a achevé, mercredi, l'enquête préliminaire détaillée avec les membres d'une cellule terroriste active dans le recrutement et l'embrigadement de jeunes pour rejoindre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) en Algérie, a indiqué la MAP en citant des sources judiciaires. Le juge d'instruction a procédé à une confrontation entre les membres de cette cellule. Cette dernière est composée de 11 personnes, dont 10 sont en détention préventive. Ce groupe est dans l'attente de la date pour sa comparution devant la Chambre criminelle de première instance chargée des affaires de terrorisme, souligne la même source. Un communiqué du ministère de l'Intérieur avait indiqué que les services de la Police judiciaire sont parvenus, en coordination avec la Direction générale de la surveillance du territoire, à démanteler une cellule composée de 6 personnes, originaires de Fès, actives dans le recrutement et l'embrigadement de jeunes djihadistes pour rejoindre les fiefs d'Al-Qaïda au Maghreb islamique en Algérie. «Les investigations ont montré que cette cellule avait recruté ces volontaires, en coordination avec l'un de ses membres en Algérie, pour faciliter leur infiltration à travers la frontière maroco-algérienne avant de rejoindre les camps de l'organisation terroriste», ajoute la même source. Déjà le samedi 19 janvier, une nouvelle cellule terroriste a été anéantie. C'était le cinquième démantèlement depuis septembre 2012. Le Maroc s'inquiète de cette prolifération de réseaux terroristes alors que la guerre fait rage au Mali. Ces cellules devaient servir à recruter et à former de jeunes Marocains au jihad. Deux groupes ont été découverts dans deux villes : Tanger, dans le nord du pays et Meknès dans le centre. D'après les informations divulguées par le ministère de l'Intérieur, quarante jeunes auraient déjà été envoyés auprès de factions liées à Aqmi, par l'intermédiaire de ces deux groupes. Tous les groupes ou presque étaient spécialisés dans le recrutement pour Aqmi. Les autorités marocaines s'inquiètent désormais de cette prolifération. La situation géographique du Maroc entre l'Algérie et sa colonie au Sahara occidental, en face de l'Espagne, constitue une base arrière potentiellement idéale pour des actions terroristes au Maghreb, voire en Europe. Mais pas qu'au Maghreb, au Sahel ou en Europe, les terroristes marocains se sont déjà illustrés par des actions violentes à l'intérieur du territoire marocain. En effet, le 16 mai 2003, Casablanca était la cible d'attentats qui ont fait 45 morts. Les terroristes, liés à l'organisation Al-Qaïda, ciblaient des édifices belges, juifs et espagnols. Leur action déclenchera des rafles par les autorités marocaines qui feront plus de 2 000 arrestations. Durant cette nuit fatidique, 14 terroristes lancent des attaques suicides sur différents hôtels, restaurants ou centres communautaires de Casablanca. Elles sont principalement dirigées contre des propriétés juives. Leurs auteurs sont des jeunes provenant du bidonville de Sidi Moumen, à Casablanca, qui sont membres de Salafia, un groupe terroriste affilié à Al-Qaïda. L'attentat le plus sanglant survient dans le restaurant Casa de Espana, où plusieurs clients soupent ou jouent au bingo. Il a fait 20 morts. En tout, 12 des 14 terroristes sont tués ainsi que 33 autres personnes, dont huit Européens. Les attentats de mai 2003 sont les plus graves actes de terrorisme de l'histoire du Maroc. Une semaine après les événements, le Parlement marocain adopte une loi allongeant de 8 à 12 semaines la durée maximale de détention d'une personne sans passer devant un juge. Les autorités procèdent rapidement à plus de 200 arrestations. Dans les mois suivants, le gouvernement marocain utilise une définition large du terrorisme pour faire condamner des centaines de personnes, soupçonnées d'appartenir à des cellules terroristes. Plusieurs sont détenues dans le secret pendant des semaines et sont soumises à la torture. Trois confesseront leurs liens avec les terroristes du 16 mai, au terme de procès qui ne sont pas considérés équitables. A. E./Agences
L'ONU met en garde contre le risque d'attaques terroristes au Burkina Faso Le Burkina Faso est susceptible d'être la cible d'attaques terroristes, a prévenu, vendredi dernier, le Rapporteur spécial de l'ONU sur la lutte antiterroriste, Ben Emmerson. Cette menace, due à l'insécurité de ses frontières avec le Mali et le Niger, est accrue par le risque de l'émergence de l'intolérance religieuse et de la radicalisation parmi la population burkinabé. Au terme d'une mission de cinq jours dans ce pays du Sahel, l'expert de l'ONU a déclaré que «toute attaque majeure contre des infrastructures ou à la sécurité du Burkina Faso saperait la cohésion sociale dans le pays, entraverait les investissements étrangers et déstabiliserait davantage la région». La communauté internationale «doit veiller à ce que les ressources nécessaires pour protéger ce petit Etat paisible contre les menaces à la fois internes et externes soient mises à sa disposition», a déclaré M. Emmerson, exhortant l'Union européenne, l'ONU et les autres bailleurs de fonds internationaux, à maintenir et accroître le soutien international au Burkina Faso. L'expert indépendant a recommandé aux bailleurs de fonds de cibler leur soutien sur des mesures qui contribuent à assurer la stabilité et la justice sociale, ainsi que la protection des frontières du pays, la réduction de la pauvreté, la promotion de l'investissement étranger et la création d'emplois et de richesse dans le pays. «Il est essentiel qu'un Etat vulnérable et géographiquement exposé ait les moyens à sa disposition pour garantir la sécurité de ses frontières et celle des investissements étrangers essentiels à son développement, et ce afin de résoudre les problèmes économiques, sociaux, politiques et ceux relatifs aux droits de l'Homme. En effet, ceux-ci peuvent très facilement devenir des conditions propices à la propagation du terrorisme», a avisé M. Emmerson.