Des annonces et un élan : François Hollande invitera demain près de 300 entrepreneurs conviés à l'Elysée à participer, aides à l'appui, à la bataille contre un chômage record dont il a fait une cause nationale. Un nouveau régime fiscal allégé sur les plus-values de cession d'entreprise devrait figurer au nombre des mesures dévoilées par le chef de l'Etat dans son discours de clôture des Assises de l'entrepreneuriat. La taxation accrue des plus-values sur les cessions d'actions avait provoqué, fin 2012, une fronde d'entrepreneurs rassemblés sous l'étiquette «Les Pigeons». Après une campagne de communication sur Internet relayée par les médias, ils avaient contraint le gouvernement à revoir son projet initial. Selon le site LesEchos.fr, le président devrait annoncer un premier régime, de droit commun, prévoyant des abattements jusqu'à 65% (avec une montée en charge rapide puisque l'abattement serait de 50% au bout de deux ans de détention). Le second, ouvert aux investisseurs dans des entreprises de moins de 10 ans ainsi qu'à tous les bénéficiaires des exonérations actuelles (départ à la retraite, reclassements familiaux...), porterait l'abattement maximum à 85%. L'Elysée n'a pas confirmé ces chiffres tout en insistant sur la volonté du président d'«aider à la création d'entreprises, et donc à la cession de ceux qui ont réussi, et de prendre en compte la dimension du risque qui va avec». D'autres annonces sont prévues «pour renforcer l'esprit d'initiative, l'investissement et l'emploi», ajoute-t-on. Les thèmes de la réorientation de l'épargne vers les petites et moyennes entreprises, l'aide aux entrepreneurs ayant échoué une fois à retrouver du crédit ou encore l'activité à l'international seront abordés. Ces mesures viendront compléter celle du pacte de compétitivité de l'automne, qui prévoit notamment 20 milliards de crédits d'impôts pour les entreprises, et la loi sur la sécurisation du travail en passe d'être votée au Parlement. En période de crise, un conseiller élyséen relève «l'importance de la place du chef d'entreprise dans la société». «Il doit pouvoir servir d'exemple aux jeunes qui ont envie de créer. Il faut une égalité devant l'envie d'entreprendre, aider ceux qui ont échoué à rebondir», dit-il. Cette reconnaissance intervient au moment le climat est tendu entre le gouvernement et les dirigeants de grandes entreprises, les premières cibles de la rigueur fiscale mise en œuvre depuis l'été dernier. Le projet remanié de taxation des revenus supérieurs à un million d'euros, qui mettra à contribution les entreprises elles-mêmes, a été dénoncé par la présidente du Medef Laurence Parisot comme un «marqueur anti-entreprise». Signe du climat actuel, un des principaux candidats à la succession de Laurence Parisot cet été, Pierre Gattaz, est partisan d'une «ligne dure» du patronat contre le gouvernement. Celui-ci vient pourtant d'envoyer un signe aux chefs d'entreprise en s'opposant au texte prévoyant l'amnistie des syndicalistes auteurs de délits lors de mouvements sociaux depuis 2007, ce que le Parti communiste et certains syndicats ont pris pour «une trahison». «On ne peut pas dire qu'on est pour le dialogue social si on considère qu'il y a une immunité pour ceux qui refusent le dialogue et prônent la violence», explique-t-on à l'Elysée. «On est cohérents. Ceux qui cassent, ce ne sont pas ceux qui vont construire des accords qui permettent de moderniser le pays». Face à la montée du nombre de demandeurs d'emploi, parvenu au chiffre record de 3,2 millions, le pouvoir socialiste dégaine de nouvelles cartouches sur ce thème élevé au rang de «cause nationale» par François Hollande jeudi à Pékin. «Il faut que les entreprises soient avec nous dans la bataille contre le chômage», a déclaré le ministre du Travail, Michel Sapin, tandis que le chef du gouvernement, Jean-Marc Ayrault, appelle à «accélérer la mobilisation» pour l'emploi. François Hollande sera mardi aux Mureaux, dans les Yvelines, sur le thème de l'emploi et de la jeunesse, ses deux priorités. Un premier déplacement hors de Paris après une longue pause liée à l'affaire Jérôme Cahuzac et à la mobilisation contre le mariage homosexuel.