De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar La wilaya d'Oran compte un nombre important de familles déshéritées, un phénomène dû à un exode régulier et en augmentation. Ce faisant, les différents paliers scolaires s'en trouvent lourdement surchargés. Ainsi, sur 240 000 élèves répartis à travers les 26 communes, on compte plus de 85 000 élèves issus de familles démunies et sans ressources. Les actions de solidarité se suivent et se ressemblent dans la wilaya d'Oran, où le recensement des élèves nécessiteux pouvant bénéficier des aides de l'Etat est laissé à l'appréciation et au seul jugement du chef d'établissement. Une opération de ce genre pouvant parfois donner lieu à des abus et à des malversations. Ainsi, en dehors des opérations d'attribution de cartables, de fournitures et autres manuels scolaires, il n'existe aucun autre mécanisme à même de permettre la prise en charge des autres cas de figure qui nécessitent la solidarité en milieu scolaire. Les différents systèmes mis en place, notamment en ce qui concerne la santé scolaire, l'animation et le sport ne prennent pas en charge la formulation des besoins identifiés et localisés. Tel est le cas pour les problèmes d'acuité visuelle et d'audition. «Nous ne pouvons absolument rien faire dans ce cas précis. Si un enfant démuni présente des troubles de la vision ou des problèmes d'audition, il n'existe aucune procédure nous permettant de pallier ces malformations. En termes clairs, nous ne disposons pas d'un budget pour l'achat de lunettes ou autres appareils de correction auditive», note un responsable de la Fédération des œuvres complémentaires de l'éducation (FOCEO), dont les attributions se limitent à la seule animation culturelle et sportive au sein des établissements relevant de l'éducation nationale. A ce sujet, selon des statistiques émanant des unités de dépistage scolaires (UDS), Oran compte plus de 15 000 élèves souffrant de problèmes de vue et nécessitant une prise en charge rapide. Cela sans compter les moyens et autres équipements de dépistage à mettre au profit des populations habitant dans les zones rurales. Même la mutuelle d'aide scolaire de l'Ouest ne semble pas concernée par une telle configuration, à moins de recommandations et de nouvelles instructions dans ce sens. Or, ces problèmes sont à l'origine de beaucoup de complications chez ces élèves atteints de maladies handicapantes. Pourtant, des budgets importants sont consacrés, dans le cadre de la politique sociale et sanitaire du gouvernement, par les collectivités locales, notamment les APC et les wilayas, comme c'est le cas pour Oran, pour laquelle un budget de solidarité nationale, évalué à 8 milliards de centimes pour un nombre total de cartables estimé à 122 000 unités, a été dégagé. Les œuvres sociales de l'éducation ont également distribué quelque 8 000 cartables, répartis sur 45 lycées de la wilaya. Mais cela ne s'est pas fait sans polémiques et accusations graves, faut-il le signaler. La commune d'Oran a, pour sa part, réservé des sommes tout aussi importantes pour financer ses actions de solidarité. Les collectivités locales et les pouvoirs publics gagneraient à concentrer et à spécialiser ces fonds afin d'éviter de tels gaspillages. Consacrer des fonds pour l'achat d'appareils d'audition et de lunettes pour les enfants démunis reste également une priorité et une mission majeure à prendre en charge convenablement par les pouvoirs publics.