Les Occidents envisagent de plus en plus les voies et moyens d'intervenir en Syrie. Les Etats-Unis, officiellement n'apportaient qu'une aide humanitaire et «non létale» aux rebelles, n'écartent plus la possibilité de leur fournir des armes. Le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, l'a toutefois déclaré jeudi du bout des lèvres, affirmant que «cela ne veut pas dire qu'on va ou veut le faire. Ce sont des options qui doivent être envisagées avec les partenaires, avec la communauté internationale». Son homologue britannique Philip Hammond a renchéri: «Nous n'avons, à ce stade, pas fourni d'armes aux rebelles, mais nous n'avons jamais dit que nous ne le ferons pas». Interrogé sur les propos de son ministre, le président américain Barack Obama a affirmé envisager «toutes les options», notamment au moment où se multiplient les «signes d'effusion de sang et d'utilisation possible d'armes chimiques en Syrie». Il a, cependant, nuancé ses propos. «Avant de prendre une décision, nous voulons nous assurer que cela améliorera réellement la situation plutôt que la rendre plus complexe et meurtrière», a-t-il dit. Sur le plan diplomatique, et alors qu'aucune issue au conflit n'est en vue en raison des divisions internationales, on parle de plus en plus de probable démission de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi. Ce dernier, qui a tenté de trouver une solution politique, a trouvé une farouche opposition auprès des qataris et des occidentaux. Sa décision ne sera toutefois pas connue avant la mi-mai. Par ailleurs, l'opposition syrienne installée à l'étranger a dénoncé, hier, un «massacre» dans un village sunnite au cœur du pays alaouite, la minorité dont est issu le président Bachar al-Assad. Les combats ont gagné jeudi, pour la première fois, la ville portuaire de Banias, dans la province de Tartous qui constitue avec celle voisine de Lattaquié le cœur du pays alaouite, où des analystes envisagent le scénario d'un repli du Président en cas de chute du régime. La Coalition de l'opposition syrienne a dénoncé un «massacre à grande échelle», notamment de femmes et d'enfants, alors que l'armée et ses supplétifs ont «tué par balle, poignardé ou brûlé» leurs victimes, selon l'Osdh qui s'appuie sur un large réseau de militants et de sources militaires et médicales. En appelant à la Ligue arabe et aux Nations unies, l'opposition a accusé le régime de «crimes de guerre et de génocide», tandis que l'Osdh ajoutait que «des dizaines de civils de Bayda» étaient portés disparus. «On ne sait pas s'ils ont été arrêtés, tués ou s'ils ont fui», a précisé l'ONG. De son côté, le régime a affirmé avoir tué des «terroristes» à Bayda et dans d'autres régions habitées par des sunnites, qui représentent 80% de la population et l'écrasante majorité des rebelles, désignés par le régime et ses médias par le terme de «terroristes». R. I.