Journées portes ouvertes sur «L'entreprenariat, l'emploi et l'employabilité». Avec un tel intitulé, le rendez-vous, qui est organisé à Oran, affiche d'emblée ses objectifs. Mais la question qui se pose et s'impose est de savoir s'ils seront atteints. Cette question est d'autant plus incontournable que, d'entrée, le wali d'Oran, Abdelmalek Boudiaf, a indiqué que quelque 8 000 postes d'emploi dans le secteur du Btph sont à pourvoir dans les différentes communes de la wilaya et qu'ils attendent toujours preneurs. Le wali a d'ailleurs instruit les cadres en charge ou en rapport avec le dossier de l'emploi «d'aller dans chaque commune pour recenser ses besoins et sensibiliser sur les domaines les plus boudés par les jeunes, en l'occurrence le secteur du bâtiment». En fait, une large partie des jeunes chômeurs ne sont pas intéressés par ce genre de boulots dont la pénibilité n'intègre pas la vision qu'ils ont du travail ni l'idée qu'ils se font de l'effort rétribué. D'ailleurs, les chantiers d'Oran ne sont pas les seuls à chercher des travailleurs qui restent introuvables. L'Est du pays vit la même situation. A Sétif, un entrepreneur a été obligé de recruter de la main-d'œuvre chinoise pour faire démarrer son chantier, les jeunes qu'il avait sollicités sur place ayant refusé le travail. Et le Btph n'est pas le seul à être «boudé». L'agriculture, cet autre secteur tout aussi pourvoyeur d'emplois, connaît, lui aussi, une désaffection chez les jeunes demandeurs d'emplois, mais n'importe lesquels. A Aïn Defla, région à vocation agricole, des maraîchers se sont retrouvés avec des champs de pomme de terre sans personne pour le ramassage. Ils proposaient 1 000 dinars de rétribution pour une demi-journée de travail, soit 2 000 dinars par jour, 60 000 dinars le mois. Il est vrai que ce n'est pas un travail de tout repos. Mais quand on n'a rien, on consent à l'effort pour avoir un salaire. Des étudiants l'ont fait. Mais pas les chômeurs qui baillent aux corneilles, adossés à un mur écoutant leurs cheveux pousser. On peut comprendre pourquoi. Comment accepter d'aller trimer sur un chantier poussiéreux ou s'échiner à ramasser des patates dans un champ, quand on peut se faire de l'argent en revendant tout et n'importe quoi, ou, encore mieux, en arrivant à faire agréer un dossier par un de ces dispositifs d'emploi mis en place par l'Etat qui met à votre disposition des crédits à taux bonifiés ? Et, pour de nombreux prétendants, ces dispositifs sont considérés non pas comme une opportunité d'emploi nécessitant des efforts, de l'assiduité et de la rigueur dans la conduite du projet, mais comme une source d'argent facile. Aussi, ces Journées sur «L'entreprenariat, l'emploi et l'employabilité» qui se tiennent au siège de la Pépinière des entreprises d'Oran, ne pourront-elles pas apporter une réponse au wali, ni résoudre le problème de la carence de main-d'œuvre dans le Btph ou l'agriculture. D'ailleurs, ce n'est aucunement leur objectif. Les espaces de coaching, speed-dating et rencontre-réseautage prévus s'adressent aux jeunes entrepreneurs et porteurs de projets. Ceux-là vivent un autre type de difficultés. Ils ont des idées, mais ils n'arrivent pas à les concrétiser, parce qu'il est difficile de réaliser un montage financier, faire une étude de marché, créer une société… Tout ça passe par des labyrinthes administratifs où les ronds-de-cuir et la bureaucratie dressent des impasses à chaque tournant. Résultat : le jeune porteur de projet met son idée en veilleuse et prend le parti de rejoindre les autres chercheurs d'emploi, grossissant le taux de chômage, qui n'est qu'un chiffre muet, ne donnant aucune indication sur les différents profils de chômeurs ni sur ces demandeurs d'emplois, mais pas n'importe lesquels. Pour cela, il faut une étude sérieuse, qui ne peut être menée que dans le cadre d'une véritable politique de l'emploi qui ne limite pas cette problématique à la lutte contre le chômage. Car, au final, il apparaît que le chômage comme les emplois ne sont pas là où on les cherche. H. G.