Le médiateur international algérien, Lakhdar Brahimi, a salué comme un «premier pas très important» le fait que Moscou et Washington se sont mis d'accord pour trouver une «solution» au conflit qui déchire la Syrie. Evoquant la soudaine entente entre les Etats-Unis et la Russie sur la Syrie, Brahimi a affirmé qu'il s'agissait de «la première information optimiste depuis très longtemps». «Ce n'est néanmoins qu'un premier pas», a tenu à nuancer l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe donné démissionnaire avec insistance depuis quelques jours. La Russie et les Etats-Unis semblent s'être entendus à Moscou pour inciter le régime syrien et les rebelles à trouver une «solution politique» au conflit, et pour encourager la tenue au plus vite d'une conférence internationale sur la Syrie. L'annonce a été faite après que le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, s'est entretenu pendant plusieurs heures avec le président russe Vladimir Poutine, puis avec le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Moscou et Washington semblent avoir trouvé un point de convergence en ce qui concerne la crise syrienne. La présence sur le terrain de groupuscules islamistes menaçants semble inquiéter les deux puissances. Le groupe Al Nosra a été classé dans la liste des mouvements terroristes par les Américains. Et Moscou a toujours regardé avec méfiance les mouvements djihadistes, dont des variantes sont particulièrement présentes en Tchétchénie et au Daguestan. «Nous pensons que le communiqué de Genève est la voie à suivre pour mettre fin à l'effusion de sang», a affirmé Kerry. L'accord en question, conclu le 30 juin par les grandes puissances mais jamais appliqué, prévoit une transition en Syrie sans évoquer l'avenir du président Assad. L'opposition syrienne a réagi promptement à l'annonce exigeant le départ du régime actuel comme préalable à toute solution au conflit en Syrie, rejetant de ce fait indirectement l'appel américano-russe au dialogue entre les deux belligérants. Lavrov a réaffirmé que le départ de Assad ne devait pas être une condition préalable à des pourparlers de paix, tout en insistant sur le fait que Moscou ne l'encourageait pas à rester au pouvoir. En tout cas cette évolution dans la crise syrienne suscite l'optimisme de Lakhdar Brahimi. «Il y a toutes les raisons de penser», que l'entente conclue entre la Russie et les Etats-Unis recevra le soutien des autres membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, dira-il. «Il est tout aussi important que la région dans son ensemble se mobilise en faveur d'un soutien à ce processus», ajoutera-il. Entamé en mars 2011, le mouvement de contestation contre le régime syrien s'est transformé en un conflit armé, faisant plus de 70 000 morts et 4,25 millions de déplacés, selon les Nations unies. Plus de 1,4 million de Syriens se sont par ailleurs réfugiés dans les pays voisins. M. B. /Agences