Photo : APS Par Karima Mokrani Un vrai parcours du combattant pour les victimes de la violence en Algérie, toutes formes confondues, pour bénéficier de réparation et/ou d'indemnisation suite à un traumatisme physique ou psychique. Les médecins légistes, qui sont les premiers à faire face à cette réalité, en appellent aux pouvoirs publics pour prendre les mesures à même de rétablir ces victimes dans leur droit. Le droit à la reconnaissance de leur statut de «victimes de violence» et le droit à une indemnisation conséquente. Beaucoup de ces victimes préfèrent taire leur douleur plutôt que de subir les tracasseries administratives et autres pour réclamer une éventuelle réparation. Ces personnes se retrouvent d'autant plus contrariées qu'elles ne savent pas à qui et où s'adresser pour plaider leur cause. «A quoi bon se casser la tête pour se retrouver dans une impasse ?» devraient-elles se résigner à se dire. Les spécialistes sont unanimes : «Il est temps de réfléchir sur une charte des victimes de la violence et de mettre en place un véritable réseau de prise en charge.» Telles sont leurs revendications premières, exprimées avec insistance, hier, au cours des travaux du premier congrès international sur le thème «Psycho-trauma : soins, expertise et accueil» organisé à Alger par le service de médecine légale du CHU de Bab El Oued, en collaboration avec le service de psychiatrie médico-légale de l'EHS Frantz Fanon de Blida. «L'objectif de notre congrès est de baliser, d'éclairer le parcours des victimes de violence, de l'avènement traumatique jusqu'à l'indemnisation», a souligné le Pr Laïdli Mohammed Salah, président du congrès et chef de service de médecine légale au CHU de Bab El Oued. Deux objectifs qui vont ensemble mais qui s'avèrent difficiles à réaliser, dans l'état actuel des choses, en raison de l'absence d'un cadre juridique pouvant servir de support. En effet, rappellent les médecins spécialistes, en ce qui concerne notamment les traumatismes psychiques, dont les séquelles sont rarement apparentes, les textes de loi en vigueur ne s'adaptent pas aux changements actuels imposés par le nouvel ordre économique et social. «Les textes sont obsolètes. Il faut les revoir de façon à ce qu'ils puissent s'adapter à chaque souffrance, à chaque détresse», insiste encore le Pr Laïdli. L'autre problème soulevé en ce qui concerne ces textes de loi, c'est la non-reconnaissance du trauma psychique. «Le principe d'indemnisation des traumatismes psychiques n'est pas reconnu dans la législation algérienne… La souffrance psychique des victimes ne fait pas l'objet de reconnaissance», a tenu à signaler le docteur Amalou dans une longue intervention sur «la prise en charge des victimes du terrorisme». Une prise en charge qu'elle juge insuffisante et qui devrait donc être améliorée de façon à assurer un minimum de satisfaction aux victimes, avec bien sûr l'implication de toutes les parties (médecins, magistrats, assistances sociales).