Le nouveau président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderezzak Mokri, n'a pas été tendre avec son prédécesseur à la tête de son parti, Bouguerra Soltani, à l'occasion d'une rencontre avec ses militants de la wilaya de Tizi Ouzou. Organisée jeudi dernier dans la petite salle de théâtre de la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, cette rencontre a été une occasion pour le nouveau patron de l'ex-Hamas de tirer à boulets rouges sur l'ancienne équipe dirigeante. «L'époque des avantages avec le MSP est finie», lance Mokri qui s'est interdit tout au long de son allocution de citer le nom de Soltani ni ceux de ses collaborateurs. Devant une assistance totalement acquise, l'orateur plaide également pour la fin de «la politique politicienne» et des «intérêts personnels», une façon de sceller le passage de sa formation politique du pouvoir vers l'opposition. Dans le même sillage et dans une dimension plus large, le président du MSP a plaidé pour un renouvellement au sein des partis politiques. «La renaissance de la nation, c'est le renouvellement des partis politiques. Il nous faut des partis, des idées et des programmes et non des partis de querelles personnelles» a martelé Mokri, qui a dénoncé «le système corrompu» qui a cassé, affaibli, les partis politiques et même les institutions de l'Etat. Il dénoncera précisément ceux «qui ont cassé les partis politiques et les institutions de l'Etat, telle l'APN, jusqu'à ce qu'il ne reste qu'une seule force, celle du système corrompu». C'est pour cela qu'il faudra, pour le nouveau chef du MSP, «renouveler les partis politiques dans le but de ressusciter l'action politique». Et c'est dans ce sens qu'il évoquera «la leçon démocratique» donnée par le dernier congrès de son parti qui «a assuré l'alternance pacifique» suite au changement enregistré à la tête de sa formation politique. Abderezzak Mokri avertira dans son discours sur le danger qui guette l'Algérie, particulièrement sur le plan économique et l'incapacité du pays à sortir de la dépendance aux hydrocarbures. «On est en grand danger. Deux emplois sur trois sont assurés par les hydrocarbures. Dans environ dix ans, s'il n'y a pas de renaissance économique, l'Algérie sera en grand danger», a encore souligné Mokri en faisant référence au tarissement annoncé des hydrocarbures. Cette question servira au responsable du MSP comme point de transition vers le sujet relatif au malaise et aux protestations en cours dans le sud algérien. Evoquant les populations du Sud, Mokri estime que «c'est leur droit de revendiquer leurs droits et c'est le devoir de l'Etat de les écouter et de répondre à leurs doléances», récusant l'idée selon laquelle les habitants du Sud menaceraient la stabilité du pays. «Ceux qui menacent la stabilité du Sud et du pays sont les corrompus qui sont dans les institutions de l'Etat», a-t-il conclu. M. B.