Pour le MSP, il n'est pas juste de mettre sur un pied d'égalité la question sahraouie et le conflit palestino-israélien au Proche-Orient. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) n'aime pas qu'on lui parle du dossier sahraoui. Son vice-président, M.Mokri Abderrezak, invité de «Politique» l'émission de la Radio nationale Chaîne III a haussé le ton en direct, laissant une nette impression d'être prêt à quitter le studio si l'animatrice et son invité ne changent pas de sujet: «Je vois que vous m'avez invité pour évoquer seulement le conflit sahraoui. Dans ce cas, il fallait m'avertir», lance-t-il à ses intervieweurs lesquels ont bien saisi le message, et décidé de passer à un autre dossier. Mais avant cela, Mokri, réputé pourtant pour son ouverture, a perdu son calme et passe à l'offensive choisissant un style plutôt provocateur pour répondre aux questions posées par les journalistes. Premièrement, il rappelle que son parti est souverain; il a donc le droit d'avoir ses propres positions et de planifier ses priorités. Or, comme il l'a si bien fait entendre, la question sahraouie n'est pas une priorité pour le MSP, contrairement au conflit du Proche-Orient. A cet effet, il citera deux principales raisons: la première se réfère à la religion et la deuxième a trait aux enjeux stratégiques et politiques de la question. «La stabilité et la paix tout comme les conflits dans le monde sont liés à la résolution de cette question», justifiera-t-il. Pour le MSP donc, il ne serait pas juste de mettre sur un pied d'égalité les conflits du Sahara occidental et palestino-israélien: «Pourquoi reproche-t-on aux islamistes de ne pas défendre la cause sahraouie et on épargne les autres courants politiques?» poursuit-il. Cela n'empêche pas le vice- président du MSP de défendre le droit de tous les peuples à l'autodétermination. Ce dernier n'a toutefois pas désiré revenir sur la visite de M.Bouguerra Soltani au Maroc durant laquelle il avait fait des déclarations controversées sur la question sahraouie. C'est le responsable du PJD (Parti de la justice et développement), parti islamiste marocain, qui a dévoilé les déclarations que Soltani aurait faites à ses hôtes sur la question de Sahara occidental. Selon Noureddine Kerbal, haut responsable du PJD, les dirigeants du MSP, (référence faite à M.Soltani), «qui avaient séjourné récemment au Maroc», auraient exprimé leur sympathie et leur solidarité avec le projet d'autonomie présenté par le Maroc pour les Sahraouis. «Il n'y a pas que les Sahraouis qui sont convaincus par le projet de l'autonomie présenté par le Maroc. La vision d'un Sahara marocain, sous la souveraineté du Maroc, trouve des sympathisants même de la part des partis politiques algériens, à l'image du MSP, dont les dirigeants ont séjourné ces derniers jours au Maroc», a dévoilé M.Kerbal, sur le plateau de la chaîne satellitaire, Al-Mustakilla. Aussi, Mokri invite les journalistes à se rapprocher de Soltani pour avoir plus d'éclairage sur ce sujet. Deuxièmement, l'autre dossier sur lequel le MSP affiche des positions en décalage avec celles défendues par les autorités officielles du pays est la menace d'Al Qaîda au Sahel. Pour ce parti islamiste, Al Qaîda est une création américaine: «Al Qaîda et les Américains sont présents paradoxalement là où il y a les puits de pétrole», soutient-il. L'Algérie, poursuit-il, qui a une grande expérience dans le domaine de la lutte contre le colonialisme n'est pas «dupe» pour prendre au sérieux ces soit-disant menaces. Revenant à la question nationale, le MSP garde ses mêmes positions. Les mécanismes de l'alliance stratégique, selon Mokri, fonctionnent uniquement durant l'élection présidentielle. Une réalité que «nos partenaires» ne peuvent pas nier, note-t-il. Il avoue que cette entité politique peine à se développer. Il ne s'attardera pas trop sur ce qu'il qualifie de «vagabondage politique» qui est lié à l'environnement politique du pays, lequel ne favorise pas l'expression démocratique. Assurer l'alternance au pouvoir demeure une condition sine qua non pour l'instauration d'une véritable démocratie dans le pays. Par ailleurs, Mokri n'a pas manqué de stigmatiser la promulgation par ordonnances des importantes mesures économiques, loin des débats politiques. Il avertira enfin que la corruption qui gangrène les institutions de l'Etat menace la stabilité du pays.