«Il tombe». C'est la lapidaire conclusion à laquelle aboutissent nos compatriotes pour expliquer la crise d'épilepsie d'un individu. Une formulation faite souvent par méchanceté pour dévaloriser son prochain. Un simple trouble physique est vite ravalé au stade de la honte et des préjugés sociaux archaïques et qui fait que beaucoup d'individus atteints ainsi que leurs proches ne se résolvent pas à en faire la révélation. Il en découle l'affirmation de «l'existence de 300 000 cas en Algérie» par des spécialistes algériens alors que les services canadiens déclarent «annuellement 15 500 cas nouveaux» chez eux. C'est dire l'ampleur d'une réalité de ce qui n'est pourtant pas une tare, laquelle peut s'estomper jusqu'à 50% chez les enfants s'ils sont pris en charge. Contracter ce trouble n'est pas exclusif, pis, il peut s'installer à n'importe quel moment et peut importe l'âge du sujet. Il suffit que l'individu soit soumis à des moments d'intense émotion comme la colère, la peur, l'anxiété, qu'il ne dorme pas assez ou qu'il se sustente d'une manière aléatoire, ne respecte pas la posologie d'un médicament, le stress... Un risque omniprésent et des prédispositions à contracter la maladie qui n'épargne personne. Le tabou, le mutisme des parents d'épileptiques, l'intérêt mitigé que consacre la médecine à ce trouble, en Algérie, ne pourraient que laisser dans le plus grand désarroi les personnes concernées dont la solitude n'a de profondeur que les artifices populaires auxquels recourt leur entourage pour conjurer le «mal». Quant aux préjugés qui font de l'épileptique un individu dépendant, un vecteur contagieux, incapable de travailler et d'assumer des responsabilités, il suffirait de leur opposer ce qui suit : Jules César, Alexandre le Grand, Agatha Christie, Socrate, Napoléon, Charles Dickens, Alfred Nobel, Richard Burton, Van Gogh, etc., étaient des épileptiques. La liste est-elle assez longue ? A. L.