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L'éradication des marchés informels, de petites mesures sans incidence Ils sont continuellement alimentés par des pourvoyeurs illicites et se régénèrent
Par Mohamed Rahmani L'informel, cette plaie ouverte qui représente plus de 30% de l'économie nationale échappe à tout contrôle et est en passe, au vu de la régénération de ce phénomène, de supplanter l'économie formelle. Une menace à prendre au sérieux dans la mesure où le développement de cette activité représente un véritable danger pour les équilibres micro et macroéconomiques. Cette prolifération de l'activité dans l'informel a pris des proportions telles que des régions du pays se sont spécialisées dans différents secteurs. Des «marchés de gros informels» installés sous l'œil bienveillant des autorités où les revendeurs s'approvisionnent pour, ensuite, écouler leurs marchandises à l'intérieur du pays. Pour la pièce de rechange, il faut aller à Tadjenanet dans la wilaya de Mila, une caverne d'Ali Baba par où transitent toutes sortes de pièces de rechange dites «Taiwan», un marché juteux de la contrefaçon qui a pignon sur rue et qui fait le bonheur des contrebandiers de toutes sortes. Des milliards qui échappent à tout contrôle sont ainsi brassés au grand dam des constructeurs automobile. A Bir El Ater, dans la wilaya de Tébessa, c'est le marché de la fripe qui a la cote malgré l'interdiction de l'importation de ce type de vêtements. De grands entrepôts ouverts avec des milliers de ballots où les revendeurs furètent à la recherche du bon lot. C'est un secret de polichinelle que de dire que les autorités locales ferment les yeux sur ce commerce. Des autorités frappées de cécité quand il s'agit de sévir contre ces trafiquants. Ni les douanes, ni les services de police, encore moins les brigades de la direction du commerce ne lèvent le petit doigt pour stopper, ou ne serait-ce que freiner, cette activité. El Eulma, dans la wilaya de Sétif, est devenue la Mecque de l'électroménager par le fait de prix qui défient toute concurrence. Un marché qui tue toute une industrie installée dans la wilaya de Bordj Bou Arreridj qui fabrique ce même type d'équipements. Cette concurrence illicite a fait des ravages dans ce secteur sensible, écrasé par une importation tout aussi illicite amenant des entreprises à réduire drastiquement leurs effectifs aggravant ainsi le chômage. La téléphonie est, elle aussi, venue se greffer sur ce commerce très lucratif et qui a fait des milliardaires en l'espace de 2 à 3 ans. La contrefaçon de téléphones mobiles made in China a trouvé en Algérie un marché du côté de Tlemcen où l'on trouve le dernier cri des marques mondiales à des prix 2 à 3 fois moins chers que ceux pratiqués sur le marché formel. Agroalimentaire, cosmétiques, rond à béton, ciment tout est «infecté» par ce parasite de l'économie et qui continue à y mordre à pleines dents. D'où viennent toutes ces marchandises ? Comment ont-elles pu pénétrer sur le territoire national ? Comment des marchés de gros de l'informel se sont constitués et continuent à proliférer ? Où sont passés les brigades économiques, les douanes, les contrôles aux frontières, les GGF ? Comment peut-on faire passer autant de marchandises sans qu'il n'y ait de saisies ? Bref, où sont l'Etat et ses institutions ? Officiellement, 142 000 commerçants activant dans l'informel ont été recensés par l'administration et des mesures ont été prises pour éradiquer le phénomène. Des marchés ont été construits, on y a recasé quelques revendeurs et on a interdit la vente sur les trottoirs et les places publiques. Officiellement… Car, la réalité est tout autre, malgré l'engagement solennel du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, d'éradiquer les marchés informels à travers le territoire national avant le Ramadhan. Officiellement, il n'y aura plus un seul revendeur dans la rue…En vérité, rien n'est moins sûr au vu de la situation actuelle. Le relâchement de la pression est perceptible même si, sporadiquement, l'on enregistre quelques actions des services de police ciblant des sites bien déterminés. La volonté politique affichée par le gouvernement Sellal concernant l'éradication de ces marchés parallèles est judicieuse aussi bien pour la santé du consommateur que pour l'économie nationale mise à mal par ces pratiques illicites, mais n'est pas suivie d'actions continues sur le terrain. L'on voit dans nos cités la réapparition de ce phénomène narguant autorités et citoyens. Le Ramadhan est à nos portes et l'on assistera certainement, si rien n'est fait pour les contenir à travers des actions concrètes, à un retour massif de ce type de commerce parce que, d'un côté, le chômage fait rage et, de l'autre, on n'a entrepris aucune action pour fermer les marchés de gros de l'informel, principaux pourvoyeurs du phénomène. M. R.