Dix hommes armés du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) ont été tués et deux soldats maliens blessés pendant les combats hier dans une ville sur la route de Kidal, selon des responsables de l'armée malienne cités par les agences de presse. Dans les rangs du MNLA, «nous avons dénombré dix morts et avons fait 28 prisonniers. De notre côté, on n'a déploré aucun mort» au cours de ces combats dans la zone d'Anefis, a déclaré le porte-parole de l'armée malienne, Souleymane Maïga. Sur la télévision publique ORTM, le colonel Didier Dacko, chef des opérations militaires de l'armée malienne dans le Nord, lui, a affirmé que l'armée «a enregistré deux blessés». Le MNLA a confirmé l'attaque de l'armée et son vice-président, Mahamadou Djeri Maïga, a déclaré : «Le Mali a décidé ce matin de régler la situation par la guerre et le gouvernement malien assumera toutes les conséquences.» Mahamadou Djeri Maïga a fait cette déclaration depuis Ouagadougou où il se trouvait pour des négociations avec Tiébilé Dramé, émissaire du gouvernement de transition malien, sous l'égide de la médiation burkinabè. «Nous n'avons jamais voulu régler la situation par la guerre mais, comme c'est ainsi, nous allons nous défendre jusqu'au bout», a-t-il souligné, appelant le médiateur Burkinabé à «amener les autorités maliennes à la raison». Sous le prétexte que le MNLA commet une «épuration raciale» contre les populations noires à Kidal, dénoncée par le gouvernement malien, l'armée malienne a décidé d'attaquer la rébellion touareg. Le MNLA a démenti toute «chasse aux Noirs», assurant rechercher des éléments «infiltrés» envoyés par les autorités maliennes. Selon le MNLA, plusieurs dizaines de personnes, dont un officier malien, ont été arrêtées par ses hommes à Kidal. Pas dupes, les responsables du MNLA avaient bien compris l'intention du gouvernement malien. D'ailleurs le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, M. Dembélé, a clairement déclaré que «le gouvernement mettra tout en œuvre pour que (...) l'armée malienne soit à Kidal avant les élections. La présence de l'armée n'est pas négociable. L'armée sera à Kidal quel qu'en soit le prix». L'armée malienne a décidé d'attaquer le MNLA alors que les négociations sont menées avec le mouvement touareg à Ouagadougou sous l'égide du Burkina Faso, pays médiateur au nom de l'Afrique de l'Ouest. «Les discussions que nous avons entamées avancent très bien. On s'achemine vers un accord qui va nous permettre de négocier de façon unitaire avec Bamako le moment venu», avait même affirmé Mossa Ag Attaher, porte-parole du MNLA. Selon des sources concordantes, les deux groupes travaillent actuellement sur deux documents: un «canevas» de sortie de crise proposé par la médiation et l'accord-cadre proposé par le MNLA. Dans ce projet d'accord-cadre, le MNLA «accepte pour un premier temps la tenue des élections dans tout le nord du Mali, y compris à Kidal, sans les troupes maliennes» et réclame «dans une seconde phase des négociations sur l'autonomie de l'Azawad (Nord malien, ndlr) avec le président qui sera élu», d'après les mêmes sources. Sans attendre l'issue des négociations, les soldats maliens se sont dirigés vers la ville de Kidal pour la reprendre. Cette décision reflète-t-elle l'intention du gouvernement malien de rejeter toutes négociations avec les rebelles touareg surtout que la France, engagée militairement au Mali depuis janvier, appuie cette action ? Le MNLA n'a pas l'intention de céder et son vice-président a affirmé que son mouvement allait demander à «toutes ses unités d'avancer sur toutes les positions de l'armée malienne dans le territoire de l'Azawad». Il a demandé la neutralité des armées étrangères et de «nous laisser avec l'armée malienne». Pour rappel, les armées africaines doivent être intégrées à terme au sein d'une force de l'ONU de quelque 12 000 hommes, qui doit théoriquement commencer à se déployer au Mali à partir du 1er juillet. H. Y. /Agences