Correspondance particulière de Paris Wiza Ouhemouche
Plusieurs milliers de manifestants ont marché, hier matin, à Paris pour dénoncer le meurtre de Clément Méric, 19 ans et étudiant à sciences po, suite une rixe avec des skinheads survenue mercredi dernier à Caumartin près de Saint-Lazare, à Paris. Une action qui se veut aussi une riposte à la montée des mouvements «réactionnaires» en France dans le sillage du débat sur le vote de la loi «mariage pour tous» d'il y a quelques semaines à travers nombre de villes importantes de France. A l'initiative de l'organisation «Antifa» (antifasciste Ndlr) dont était membre la victime décédée et de militants d'extrême gauche, la marche a débuté à 14 heures de la station de métro Bréguet-Sabin (près de la place de la Bastille) pour prendre fin à la station du Père-Lachaise en traversant des quartiers aimés de Clément Méric dans la capitale française. Sur plusieurs pancartes de différentes dimensions brandies par les manifestants, des jeunes pour la plupart, il y est écrit entre autres mots d'ordre : «Clément est immortel», «le fascisme c'est la gangrène», «anticapitaliste, antifasciste, antisexiste», «Clément à jamais l'un des nôtres», «le PS (parti socialiste, ndlr) recule, le fascisme avance»…alors que les milliers de voix enragées et déterminées scandaient «on n'oublie pas, on pardonne pas», «tout le monde Antifa», en parcourant dans le calme et dans une ambiance aux couleurs de gauche et anarchiste le boulevard Richard-Lenoir, la rue Oberkampf et le boulevard Ménilmontant. Les figures politiques importantes du PS au pouvoir et autres hauts cadres de la mouvance de gauche logiquement attendues sur place, n'ont pas été vues durant la manif dominée par la présence de groupuscules indépendants se revendiquant de courants modernes d'extrême gauche et d'Antifa. Même Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de Gauche, pourtant connu pour ses positions antifascistes, n'était pas du cortège, selon plusieurs manifestants bien encadrés par Antifa. Au Père-Lachaise, des organisateurs ont remercié les manifestants d'être venus si nombreux et salué le travail effectué par les syndicats étudiants et étrangers pour la réussite de cette action grandiose. A souligner, qu'à hauteur de la place de la station de métro de Belleville, un photographe de presse(ou un indu professionnel ?) jugé indésirable par des marcheurs a été renvoyé sèchement de la marche par un organisateur balèze qui l'a fait sortir de force de l'itinéraire de la manif. Dans le cadre de la même contestation populaire, d'autres marches ont été organisées hier et avant-hier à Toulouse, Bordeaux et Marseille, selon des médias français. Ailleurs, ces manifs ne se seraient pas déroulées dans le calme comme à Paris (où la marche n'avait pourtant pas été autorisée) et ont vu la participation de moins de monde, selon les mêmes médias qui soulignent des actes violents attribués à des organisations extrémistes de gauche dont seraient membres «les jeunes encagoulés» auteurs présumés de ces violences et qui sont susceptibles d'être arrêtés par la police dans les prochaines heures ou jours.