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Erdogan use de la force et menace les opposants de la Place Taksim Après douze jours de manifestations anti-gouvernementales en Turquie et quatre morts
La situation politique se complique de jour en jour en Turquie où le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan du Parti de la Justice et du Développement (AKP, islamiste) joue la carte de la répression en faisant intervenir, hier matin, les forces de l'ordre à Istanbul pour déloger les manifestants de la Place Taksim. Tout en invitant les représentants des manifestants au dialogue, le Premier ministre turc a ouvertement menacé «ses» opposants d'agir en usant de la force. «Je m'adresse à ceux qui veulent poursuivre ces événements, qui veulent continuer à terroriser : cette affaire est maintenant terminée. Nous ne montrerons plus de tolérance», a-t-il déclaré lors d'un discours devant les députés de son parti, au pouvoir dans le pays. Pour le chef de file du gouvernement islamiste en Turquie, les manifestants sont des «extrémistes», allant même jusqu'à les qualifier de «terroristes», ce qui risque d'embraser le pays par un discours qui est perçu comme provocateur mais surtout comme un langage d'une dictature islamiste qui s'installe sournoisement dans le pays du père de la laïcité en Turquie, l'ancien président Atatürk. Parallèlement donc à ces menaces, les forces de l'ordre ont été envoyées dès l'aube pour chasser les centaines de manifestants de la place Taksim où des bombes lacrymogènes ont été utilisées pour disperser cette foule qui réclame la démission du chef du gouvernement. L'intervention de la police a eu lieu deux jours seulement après que le Premier ministre ait tenté de dégonfler le ballon de la contestation en mobilisant ses partisans dès son retour au pays, au terme d'une tournée dans les pays du Maghreb dont l'Algérie. La répression qui s'est abattue sur les manifestants s'est propagée aussi au corps des avocats. La police a en fait arrêté 73 avocats au moins, depuis le début des manifestations, selon l'Association des avocats contemporains (CHD). «Le nombre des avocats arrêtés à maintenant atteint 73», a annoncé la CHD, ont repris les agences de presse. Les avocats sont en grève depuis le début des manifestations qu'ils soutiennent, surtout que leur corporation est la cible d'une véritable campagne de répression depuis des mois. Une trentaine d'avocats sont en fait arrêtés sous prétexte qu'ils soutiennent et entretiennent des liens avec l'organisation indépendantiste kurde le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan). Le bâtonnier du barreau d'Istanbul et neuf de ses confrères sont par ailleurs poursuivis pour avoir mis en cause l'attitude des juges à l'égard de la défense lors d'une audience, en avril 2012, d'un procès controversé sur un projet de coup d'Etat contre le gouvernement islamo-conservateur, selon le Parti pour la paix et la démocratie (BDP, pro-kurde). Par ailleurs, le collectif écologiste de défense du parc Gezi a, quant à lui, dénoncé le recours à la force. «Nous resterons-là tant qu'aucune mesure concrète n'aura été prise pour satisfaire les demandes des jeunes qui protègent Taksim et le parc Gezi», a-t-il écrit, ont rapporté les médias turcs et étrangers. A noter qu'en fin de journée d'hier, la police a réussi à reprendre le contrôle de la Place Taksim, selon les agences de presse. L. M.