Des étudiants mécontents bloquent la RN9 à l'entrée est de la ville de Béjaïa, au faubourg d'Irrayahen, et c'est la débandade. D'interminables bouchons automobiles se constituent des deux côtés de la barricade. L'échangeur Aboudaou-Oued Ghir, permettant d'éviter le lieu de la protestation, est vite saturé. Gros camions, bus et petites voitures peinent à se frayer un chemin pour échapper au «piège». La tension gagne immédiatement le chemin de wilaya, reliant Aboudaou à la ville d'Amizour via Tala Hamza, où des centaines de véhicules avancent aussi très lentement. Les conducteurs, visiblement énervés, s'emportent au moindre écart. Les grossièretés fusent de partout. Cela s'est passé la semaine dernière. Même si beaucoup de routes ont été retapées ces dernières années, leur étroitesse se pose avec acuité. Les abords de routes étant partout occupés par des constructions anarchiques, un plan d'élargissement éventuel, voire de dédoublement, prendrait toutefois trop de temps et nécessiterait de grosses enveloppes budgétaires pour les indemnisations. L'accroissement exponentiel du parc automobile exerce une terrible pression sur les infrastructures routières existantes. A l'entrée de toutes les villes de la wilaya, les automobilistes sont automatiquement obligés de prendre leur mal en patience avant de sortir des embouteillages. Exemple : pour franchir le point noir du carrefour des Quatre chemins, au chef lieu de wilaya, des milliers d'usagers patientent une demi-heure au moins, avant de franchir la ligne ferroviaire. Le chantier de l'échangeur, lancé à ce niveau depuis près d'une année, avance doucement au grand dam des professionnels de la route qui attendent sa livraison sur des charbons ardents. Intra morus, la capitale des hammadites suffoque sous le poids d'une circulation automobile intense. Les deux trémies, récemment réalisées dans les quartiers d'Ihaddaden et Amriw, n'ont pas tellement amélioré la fluidité du mouvement. Aux heures de pointes, c'est la stagnation garantie à tous les carrefours. Cette situation pénalisante est également vécue dans les autres villes de la région comme Akbou, El Kseur, Sidi Aïch, Kherrata ou Tazmalt. Les nombreuses communes et localités jalonnant les routes nationales constituent aussi autant de points d'étranglement. En haute campagne, les routes sont souvent difficiles et peu entretenues. Ces axes secondaires, qui subissent à chaque saison pluviale de gros dégâts (glissement de terrain, éboulement, effondrement d'ouvrages), exigent pourtant une attention particulière. Qu'ils soient sous la responsabilité de la direction des travaux publics (DTP) ou celle des assemblées locales (APC), ces chemins attendent généralement de longues années avant de bénéficier d'opérations de réparation. Malgré le peu d'intérêt qui leur est accordé, ces voies détournées allègent sensiblement la pression sur les grands axes et offrent aux usagers des échappatoires en moment de crise, d'où l'impératif de leur prise en charge. Notant pour conclure que la wilaya de Béjaïa cumule dans ce domaine un énorme retard. En dépit des budgets publics considérables attribués chaque année, le taux annuel de consommation des crédits dans le secteur des travaux publics tourne autour de 12 à 15%. Les chantiers lancés (réalisation d'évitements dans les centres urbains, dédoublement des routes nationales, élargissement des chemins de wilaya, mise en place d'échangeurs et de trémies) avancent péniblement. A la lenteur des procédures administratives s'ajoutent les oppositions des riverains qui recourent abusivement à la justice et exigent de lourds dédommagements. K. A.