Photo : Riad De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar Se déplacer en ville est de nos jours un exercice difficile et risqué pour l'automobiliste. Souvent, le patrimoine routier existant ne répond plus à l'accroissement exponentiel du parc roulant. A Béjaïa, comme dans beaucoup de villes algériennes, d'énormes bouchons se constituent à longueur de journée aux entrées de la cité et à ses principaux carrefours. Aux heures de pointe, le temps perdu dans ces encombrements peut aisément atteindre une à deux heures. Le flux ininterrompu de véhicules, faute d'infrastructures conséquentes, étouffe le trafic. Prenant conscience de cette difficulté, les autorités ont lancé en 2004 plusieurs projets pour désengorger la circulation. Dans le cadre du plan de soutien à la croissance économique, trois trémies ont été programmées aux points les plus sensibles de la ville : au lieu dit Quatre-Chemins, à la jonction entre les RN9 et 12, à Amriw au centre-ville, et à Ihaddaden, un quartier populaire. Mais l'instabilité de la région durant cette période a tellement retardé l'entame effective des travaux. Des litiges d'expropriation foncière des riverains ont été dressés ensuite en écueil à ces projets. Il a fallu attendre 2010 pour que les travaux de réalisation de la trémie d'Ihaddaden soient finalement lancés. Le 12 mai dernier, l'ouvrage a été partiellement mis en exploitation. Le passage souterrain, qui s'étend sur 60 mètres linéaires, assorti d'un gabarit de 4,85 m, a été en effet ouvert à la circulation. La partie apparente de l'ouvrage, d'un linéaire de 72 m comprenant un sens giratoire, est quasiment achevée. Réalisé par l'Enagoa, cet équipement permet, désormais, de rallier directement la RN9 (Sétif-Jijel) et la RN12 (Bouira-Tizi-Ouzou), en allégeant considérablement la circulation dans ce quartier très fréquenté. Un ouvrage similaire sera lancé au mois d'août prochain au lieu dit Amriw et donnera un accès direct aux localités de la côte Ouest (Boulimat et Azzefoun). La durée prévue du projet est de huit mois. Une troisième trémie, prévue au quartier Quatre-Chemins pour améliorer la régulation du trafic dans ce carrefour stratégique mitoyen au port de Béjaïa et à la nouvelle gare routière, sera en principe aménagée au courant de l'année prochaine. Les oppositions formulées par des riverains ont été visiblement levées, ouvrant la voie à l'exécution de ce projet vital qui demeure d'une pressante utilité publique. La réception de tous ces projets se soldera certainement par une amélioration de la circulation en ville qui compte, toutefois, d'autres goulets d'étranglement qu'il va falloir solutionner aussi. Le carrefour Nacéria, à proximité du siège de la wilaya, constitue déjà un casse-tête pour les usagers et les agents de l'ordre public. On pourrait dire autant du croisement donnant accès à l'arrière-port au lieu dit Triq Sétif et du rond-point mitoyen du Square. En dehors du chef-lieu de wilaya, les évitements des centres urbains réalisés à Oued Ghir, El Kseur et Sidi Aïch et le dédoublement des voies sur les RN9 et 12 n'ont pas tellement allégé la pression sur ses axes très fréquentés. A ce niveau, les usagers attendent avec beaucoup d'impatience la réalisation de la pénétrante sur l'autoroute Est-Ouest. Cette nouvelle voie express longera la rive sud de la Soummam entre Béjaïa et El Adjiba (100 km) avec l'aménagement de 2X2 voies. S'agissant des chemins de wilaya et des routes secondaires, beaucoup d'efforts restent à accomplir dans ce sens. Des rénovations ont été réalisées çà et là (Darguina-Tamridjt, Aokas-Tizi n'Berbère, Kherrata-Djermouna…), mais dans l'ensemble les axes desservant l'arrière-pays restent peu entretenus. La dégradation des routes est évoquée souvent comme un facteur d'accidents de circulation. Dans son bilan de l'année 2010, la police judiciaire a comptabilisé 484 accidents en zone urbaine ayant causé le décès de 24 personnes et 484 blessés. Rien qu'au premier semestre de la même année, les statistiques de la gendarmerie (zone rurale) font état de 26 décès et 279 blessés. Une simple comparaison de ces chiffres donne un aperçu sur la détérioration avancée et le manque d'entretien des routes secondaires.