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Des recommandations concrètes à mettre en pratique pour relancer l'économie nationale Le Forum économique et social du cinquantenaire a réuni 500 participants
«La transition énergétique en cours, les incertitudes des marchés internationaux des hydrocarbures, résultant notamment de l'exploitation du gaz de schiste aux USA et de la crise économique en Europe, ainsi que la baisse récente, en Algérie, des volumes d'hydrocarbures produits et exportés, requestionnent de nouveau le régime de croissance actuelle adopté par le pays. Cela impose de passer rapidement à un nouveau régime de croissance moins dépendant du secteur des hydrocarbures et de se l'approprier de façon durable, ce qui suppose de réunir les éléments fondamentaux de ce même régime de croissance devant être soumis à de nouveaux mécanismes de régulation.» Ce sont là les conclusions des travaux du Forum économique et social du cinquantenaire, qui s'est tenu les 18, 19 et 20 Juin dernier au palais des Nations au Club des Pins, et qui a réuni pas moins de 500 participants de différents horizons sur initiative du Cnes (Conseil national économique et social). Ce dernier estime qu'il est impérieux d'engager l'économie nationale dans «un régime de croissance diversifié, lui assurant une plus grande marge de manœuvre, de plus en plus large par rapport aux fluctuations du marché des hydrocarbures, en vue de préserver la demande sociale de l'insolvabilité et l'action publique des injonctions extérieures». Le forum propose à ce que ce nouveau régime de croissance s'appuie, notamment, sur de nouveaux moteurs de croissance et sur une régulation appropriée, en prenant en compte le fait que sa mise en place est durement contrainte par plusieurs facteurs exogènes et endogènes. Il s'agit de la contrainte de la mondialisation et de la régionalisation des marchés, de la faiblesse quantitative et qualitative de l'entreprenariat public et privé algérien, et l'isolement et l'obsolescence technologique du parc productif national.
Lever les contraintes pesant sur l'entreprise Parmi ces trois facteurs, le forum considère que celui de la levée des contraintes pesant sur l'entreprise en vue de parvenir à un développement inédit de cette dernière, constitue l'enjeu central de ce nouveau régime de croissance à inscrire jusqu'à l'horizon 2020. «Cet enjeu est d'autant plus déterminant que les retards accumulés dans ce domaine, d'origines diverses, devront être rapidement résorbés à travers notamment des mécanismes publics d'appui, mais aussi par l'implication plus forte de tous les acteurs concernés sachant que l'entreprise a été toujours le réceptacle de toutes les insuffisances des régimes de croissance en vigueur depuis l'indépendance», estime le forum. Ce dernier, et à propos des deux autres facteurs relatifs à la contrainte de la mondialisation, l'isolement et l'obsolescence du système productif national, a mis l'accent sur la nécessité de «promouvoir le capital humain» permettant le passage vers une économie fondée sur la connaissance, l'autre élément constitutif du nouveau régime de croissance. Le forum a inscrit comme préalable déterminant pour ce nouveau régime de croissance la question du capital humain et de l'économie du savoir. Il a enregistré le fait qu'un des plus grands acquis de l'Algérie indépendante concerne le secteur de l'éducation, de l'enseignement et du savoir. «L'édification d'un système de formation national a permis des avancées significatives. La démocratisation, la gratuité de l'enseignement, le développement des infrastructures de formation et de recherche à travers tout le territoire national ont été parmi les axes prioritaires des politiques d'investissement.» Une bonne partie des objectifs initiaux ont été atteints. Cependant, fait remarquer le forum, malgré les investissements colossaux et les résultats probants, des insuffisances, des distorsions et des dysfonctionnements sont visibles, avec un effet d'entraînement insuffisant sur le système productif. «De nouveaux défis se posent à la nation», rappelle encore le Cnes. La phase actuelle et à venir concerne «le saut qualitatif, le défi de la qualité et de l'excellence en matière de formation des élites et des compétences». Le forum rappelle que la responsabilité n'incombe pas uniquement à l'école et à l'université, mais doit être assumée par la société tout entière. Cinq niveaux au moins sont concernés, à savoir la formation au sens large, les technologies de l'information et de la communication, les entreprises et la recherche développement, le climat des affaires et l'innovation. Les établissements du savoir, les centres et laboratoires de recherche doivent examiner les problèmes de la société et ceux de l'entreprise, en vue de mieux définir les entraves au développement et d'y remédier.
Les TIC pour accompagner le nouveau régime de croissance Le transfert du savoir est impératif dans un monde ou les innovations technologiques sont en perpétuel développement, en vue de préparer des générations capables de composer avec les technologies de pointe et d'acquérir les sciences. «L'Algérie ne peut que se diriger vers une économie du savoir ou la valeur ajoutée issue de la connaissance ne cesse d'augmenter. Le renouveau scientifique et l'innovation technologique constituent le socle de l'excellence et la condition sine qua non du progrès économique.» Les technologies de l'information et de la communication (TIC) sont une des priorités pour accompagner le nouveau régime de croissance dans une perspective de mise à disposition de ressources humaines qualifiées pour les entreprises. Pour les participants au forum, «le consensus est clair : le transfert des technologies et leur utilisation ne suffisent pas au développement d'une économie durable s'ils ne sont pas assortis d'une véritable contribution à l'innovation et à l'industrialisation, d'où l'impératif d'une formation supérieure des ressources humaines et de la diffusion de valeurs culturelles comme l'amour du travail». Notre réussite en la matière «est tributaire de notre capacité à résorber les retards et à exploiter au mieux les technologies de pointe et les nouveaux outils de l'information et de la communication», estime le Forum. En ce XXIe siècle, l'avenir du pays dépend de sa capacité à valoriser son capital humain, à maîtriser la science et la technique, à produire et à assimiler les connaissances pour préserver sa souveraineté, à engager son développement et à consolider son identité. Il est donc urgent «de repenser les priorités des établissements de formation, des TIC et des modes de gestion du capital humain, en rapport avec les préoccupations sociales, économiques et culturelles de notre société et particulièrement du monde de l'entreprise». Toutes les opinions et expertises exprimées lors du forum ont mis l'accent sur l'excellence, en développant une base scientifique nationale pour maîtriser les progrès et les adapter aux propres besoins du pays. Il s'agit d'«assurer les meilleures conditions de production, de circulation et de capitalisation du savoir et des élites, pour bâtir une société productrice de compétences, de richesse et de valeurs, au regard de nos spécificités et des impératifs mondiaux». Le forum a particulièrement relevé les dysfonctionnements dans les différents volets de la gouvernance (gouvernance économique, gouvernance sociale, gouvernance de l'entreprise, gouvernance locale…) et l'insuffisance prononcée des instruments de régulation qui impactent négativement les régimes de croissance en vigueur. Cet état de fait est aggravé lourdement, entres autres, par la verticalité et la centralisation des pouvoirs de décision. L'affectation des ressources, très souvent inadaptée car non ciblée, est sans impact réel sur les objectifs assignés, aggravée par une insuffisance, dans certains cas une absence, des processus d'évaluation et de contrôle.
Dépénalisation de l'acte de gestion et choix des filières Le forum a insisté sur le fait que le nouveau régime de croissance ne peut se concevoir sans la stabilité et la sécurité juridique dans le fonctionnement normatif des entreprises. A cet égard, la dépénalisation de l'acte de gestion est à même de libérer les initiatives entrepreneuriales et la prise de risque qui lui est consubstantielle. Par ailleurs, l'industrie est l'instrument privilégié de la diversification, de diffusion des externalités positives et du progrès et d'intégration de l'économie mondiale. De ce fait, estime le forum, il est impérieux et urgent de stopper d'abord la désindustrialisation et repenser les nouveaux fondements des choix des filières industrielles, notamment en relation avec l'émergence d'actifs immatériels de la croissance, de plus en plus déterminants dans la compétition internationale. Ces nouvelles filières, outre les compétitivités territoriales qu'elles supposent, devront s'appuyer, par ailleurs, sur des plates-formes logistiques, des parcs technologiques en de multiples configurations (clusters, pôles de compétitivité, incubateurs etc.). Et enfin, s'agissant du secteur des hydrocarbures, un certain nombre d'ajustements devront être effectués pour le soumettre au nouveau régime de croissance. Il s'agira entres autres de l'intégrer de manière horizontale à l'économie nationale (industries des biens d'équipement et de pièces de rechange, utilisation la plus large des moyens nationaux de construction et de réalisation, de même que des services pétroliers), de produire des produits pétrochimiques de base et dérivés pour la plasturgie et les industries utilisatrices, et d'inscrire la Sonatrach dans un redéploiement international approprié, à savoir l'élargissement des réserves dans les pays de la région et du continent, au lieu de s'inscrire dans des activités aval et de transport moins rémunératrices. Le forum préconise aussi de revisiter le modèle de consommation énergétique, source de gaspillage et de fuites aux frontières, y compris par une reconsidération des éléments tarifaires, et promouvoir les énergies renouvelables. La mise en place d'outils d'observation et de suivi pérennes et à tous les niveaux de ces recommandations a été préconisé par les participants au forum. B. A.
Les préalables du nouveau régime de croissance Le nouveau régime de croissance prôné par les participants au Forum économique et social du cinquantenaire a posé comme préalable une régulation institutionnelle et l'organisation des marchés (biens et services, monnaie, travail) afin d'améliorer le climat des affaires, de supprimer les rentes et de réduire les coûts de transaction ce qui permettra d'attirer l'investissement et de développer les capacités concurrentielles des entreprises nationales. Ceci en plus de la mise en place de politiques publiques d'accompagnement et de soutien aux secteurs productifs de biens et services, formant le cœur des nouveaux moteurs de la croissance, en substitution à l'importation et à l'export (mise à niveau plus ciblée des PME-préférence nationale dans la commande publique-soutien aux champions, y compris à l'international…).