Il suffit d'un rien pour que ce climat insurrectionnel en Egypte tourne à une confrontation ouverte entre manifestants et partisans du Président égyptien. L'Egypte vit aux rythmes de cette escalade verbale et des fois des heurts entre les uns et les autres. Les déçus d'une année de gouvernance des islamistes veulent des élections anticipées alors que ses partisans, se cramponnent à la légitimité des urnes qui ont propulsé Mohamed Morsi au haut sommet de l'Etat. Entre les uns et les autres l'Egypte est en proie à des déchirements jamais égalés, auparavant. Tensions interconfessionnelles, ethniques et par dessus le tout, une crise économique sans précédent. Le pays, boudé par les millions de touristes qui faisaient ses beaux jours est confronté à d'innombrables problèmes économiques. Les aides promises tardent à venir et l'Egypte arrive à peine à garantir l'approvisionnement de son marché interne. C'est dans ce climat de crise que se tiendront les manifestations d'aujourd'hui. Des manifestations qui amènent le Président américain à exprimer son «inquiétude» face au risque de nouvelles violences et d'aggravation du clivage politique. Neuf personnes au total, dont un Américain, ont péri entre mercredi et samedi. Les blessés se comptent par centaines alors que la tension ne tombe pas. L'armée a indiqué qu'elle s'était déployée dans les provinces pour renforcer la protection des installations vitales, en cas de graves dérapages. Sur la place Tahrir au centre du Caire, où les opposants prônent une «deuxième révolution» contre un président accusé de vouloir monopoliser le pouvoir au profit des islamistes, des dizaines de tentes sont déjà dressées. Les islamistes campent, pour leur part, devant la mosquée Rabaa al-Adawiya, à Nasr City, une banlieue de la capitale, où ils s'étaient déjà rassemblés en masse la veille pour soutenir la légitimité du président démocratiquement élu. Le mouvement insurrectionnel Tamarrod, à l'origine des appels à manifester aujourd'hui, a revendiqué quelque 22 millions de signatures pour une pétition appelant à une présidentielle anticipée. Les responsables de ce mouvement attestent que cela représente plus que le nombre des électeurs de M. Morsi l'an dernier (13,23 millions), mais le camp présidentiel met en avant que cette pétition n'a pas de valeur constitutionnelle et ne peut remplacer une élection. L'armée fait savoir qu'elle restait vigilante face à toute évolution de la situation qui pourrait déstabiliser le pays. Plusieurs ambassades ont affirmé que leurs bâtiments seraient fermés au public dimanche, jour de la mobilisation anti-Morsi, et diffusé des consignes de prudence à leurs ressortissants. Certaines compagnies étrangères ont appelé leurs salariés expatriés ou leurs familles à partir, ou à résider par précaution dans des hôtels du Caire proches de l'aéroport. M. S.