Les détracteurs de Morsi ne cachent pas leur jeu. Le mouvement qui remet en cause la légitimité du Président égyptien se fait appeler Ettamaroud, la rébellion. Ce mouvement qui a initié la protesta anti- Morsi, affirme avoir récolté 22 millions de signatures –presque le double que le nombre d'électeurs de Morsi lors des présidentielles de 2012- pour exiger des présidentielles anticipées. Le rendez-vous du 30 juin, semble avoir tenu ses promesses pour l'opposition qui veut en découdre avec un président accusé d'autoritarisme et de vouloir instaurer un régime théocratique dominé par les Frères musulmans qui dominent toutes les institutions. L'élection de Morsi n'a pas réussi à mettre l'Egypte sur la voie de la transition politique et institutionnelle. Les Frères musulmans et leurs alliés islamistes de tous bords, qui n'ont d'ailleurs pas pris part au déclenchement de la «révolution», attendaient ce moment depuis au moins les années trente lorsqu'ils ont décidé de s'impliquer dans l'action politique. Aujourd'hui qu'ils sont au pouvoir, il veulent tout le pouvoir afin de mettre en œuvre leur unique programme : «Un homme, une voix, une seule fois» et l'islamisation à outrance de la société. En dehors de ce programme, les Frères musulmans n'ont aucune autre vision politique ou économique. C'est le même constat en Tunisie qui se débat dans les mêmes problèmes que l'Egypte, d'autant plus que les deux pays sont à vocation touristique et ne disposent pas d'autres ressources leur permettant de mettre des économies à l'arrêt, sur rail. Les jeunes révoltés dans tous les pays arabes, sont motivés par le rêve de liberté et de bien-être. Leur soulèvement contre l'oppression vise à libérer la société des inerties chroniques des régimes arabes, de la monotonie de la vie sociale et politique, de la médiocrité aux commandes, du clientélisme, de la corruption, du népotisme et des monarchies faussement républicaines. Les dirigeants arabes se comportent comme des tuteurs des peuples et à ce titre, se considèrent comme les seuls patriotes, les seuls nationalistes, les seuls défenseurs des intérêts nationaux. La jeunesse dans tous les pays arabes est lasse de ces dinosaures, de leurs discours éculés et de leur conception archaïque de la pratique du pouvoir. Ce constat n'est pas propre aux seuls pays comme l'Egypte et la Tunisie. Tous les régimes arabes se ressemblent dans leur capacité d'étouffer les sociétés et de castrer la jeunesse. Le changement auquel aspirent les jeunes ne se limite pas à un changement de personnel politique mais surtout un changement des mœurs politiques et managériales capables de libérer le génie collectif et individuel et de nourrir le rêve fou de toutes les sociétés qui veulent en finir avec le marasme ambiant et l'attentisme létal. Ce qui se passe en Egypte est une alerte à tous les régimes en transition démocratique. Le temps où l'on bernait les masses est révolu. Même un gouvernement élu est rappelé à l'ordre pour comprendre que la légitimité des urnes n'est pas un chèque en blanc pour un exercice personnel du pouvoir. A. G.