Correspondance particulière de Paris de Wiza Ouhemouche
La salle de spectacle de Berbère télévision, à Paris, était comble dimanche dernier. Beaucoup de monde s'était déplacé. Et pour cause, un hommage singulier à Matoub Lounès y était organisé. Exceptionnellement, ce sont des femmes artistes qui avaient décidé cette fois-ci d'honorer la mémoire de l'artiste rebelle. L'hommage était l'initiative de l'association Culture B, en collaboration avec le Groupe Berbère télévision. Le public, issu essentiellement de la communauté kabyle en France, a vécu près de trois heures d'émotions passionnées, emporté par les voix, le jeu de scène et les chorégraphies des jeunes talents, pour la plupart inconnues du monde de l'édition, venues perpétuer la mémoire de l'artiste, assassiné il y a 15 ans près de chez lui en Kabylie. Chacune des chanteuses a interprété une à trois chansons de Matoub où le texte a un rapport avec la condition de la femme dans la région, les amours déçue, les injustices faites aux femmes et les complaintes de mamans déchirées et éplorées par la disparition d'un de leurs enfants tué au front ou abusivement emprisonné. Des poèmes où Matoub a aussi aimé la femme jusqu'à oublier… le combat pour tamazight ! Tassadit (azrou leghriv et ur shisif ara), Samira (tanumi et ttugh), Nadia Rabia (Kenza), Hanane (uzzu n tayri et yahwa-yam), Tenna (a yemma sver ur ttru, tahecat bbevrid et tighri gemma) et le groupe Tighri uzar (tighri n tadjalt, tameddit bbass, dayen iduv rruh et berzidan) ont tour à tour donné des sensations fortes aux présents tous repartis avec le sentiment d'avoir ressuscité un moment le chantre de l'amazighité et replacé les choses dans leur cours naturel en rapport avec l'imaginaire ou supposée misogynie du défunt artiste.D'autre part, une intéressante conférence sur la place de la femme dans la chanson de Lounès Matoub a été animée au tout début de la journée par Nacira Abrous, chercheuse à l'université d'Aix-en-Provence, et Yalla Seddiki, auteur d'articles et de publications sur le chanteur. Les deux intervenants se sont basés sur des passages et des hommages rend us à la femme par Matoub pour dire tout le respect et l'amour qu'il vouait à sa mère, à son amour, à sa femme, à sa sœur, à la veuve et à l'orpheline.