L'écrivain algérien Boukhalfa Bitam, dont la plume s'est brisée mardi passé au CHU de Tizi Ouzou, à l'âge de 93 ans, suite à une longue maladie, a rejoint son ultime demeure jeudi après-midi, au cimetière familial de son village natal, Taourirt Mimoune, sur les hauteurs des Ath Yenni. Une foule nombreuse dont des cadres de l'Etat et d'anciens élèves du défunt sont venus accompagner la dépouille de leur maître pour être inhumé sur la terre de ses ancêtres, dont il n'a cessé à travers ses ouvrages de transmettre toute la beauté mais aussi le poids des traditions et l'architecture des structures sociales, ultime rempart contre la volonté d'acculturation du colonialisme. Un amour passionnel pour sa patrie, qu'il a su transmettre à plusieurs générations d'élèves qu'il a formées dans les valeurs du respect et du sacrifice. Dans une oraison funèbre, un représentant du secteur de la culture a fait l'éloge des qualités tant morales qu'intellectuelles du pédagogue et écrivain disparu, en mettant l'accent sur son sens des relations humaines et son attachement à son pays. Mustapha Bouhadef témoigne que : «C'est une très grosse perte. Il s'est voué corps et âme à l'enseignement et a formé des générations de cadres. Il s'est distingué aussi pour sa défense des principes de la démocratie et les droits de l'Homme», rapporte l'APS. Pour sa part, le chanteur Farid Ferragui, un des élèves de feu Bitam à l'école normale de Tizi Ouzou, a affirmé, avec nostalgie, qu'il retenait de son maître «l'image d'un pédagogue hors pair qui s'est consacré pleinement à la formation d'enseignants de valeur qui ont, à leur tour, formé beaucoup de cadres occupant aujourd'hui diverses fonctions dans les institutions de l'Etat». Boukhalfa Bitam est né le 21 juin 1920 à Tourirt Mimoun, un village des Ath Yenni. Il fut cadre émérite de l'Education nationale et auteur de romans inspirés par la vie quotidienne en Kabylie, à l'exemple de La prise de Taddart Oufella, Rue de la liberté, Meriem, Les yoyous dans le laurier rose et Fadhma N'Soumer. Dans un message de condoléances adressé à sa famille, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, a exprimé, sa «profonde tristesse suite à la disparition de l'écrivain et éducateur humaniste» que fut Bouakhalfa Bitam, rendant aussi hommage à l'«érudit et fin connaisseur de l'histoire millénaire de l'Algérie, rappelant l'intérêt particulier de l'auteur disparu pour la période de la colonisation française dont il a décrit et dénoncé les méfaits, tout en faisant connaître à la jeunesse des figures héroïques de la résistance algérienne comme Lalla Fadhma N'Soumer». Le message de condoléances a également souligné l'attachement viscéral qu'avait le défunt pour sa Kabylie natale et son pays qui se traduisait dans ses romans par un «hommage aux structures ancestrales pleines de sagesse et de bon sens». S. B.