La communication demeure le maillon faible du pouvoir algérien qui, encore une fois, a laissé la primauté aux agences étrangères et aux médias français d'annoncer le retour, hier, du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, à Alger après une absence de près de trois mois pour maladie. En effet, le président de la République a été transféré à Paris le 27 avril dernier pour «des explorations médicales complémentaires à l'hôpital parisien du Val-de-Grâce», selon le premier communiqué rendu public par la présidence qui avait annoncé que le chef de l'Etat a eu un malaise suite auquel il a été admis à l'hôpital militaire Aïn Naâdja. «Les premières investigations effectuées à l'hôpital militaire Mohamed-Seghir-Nekkache d'Aïn Naâdja (Alger), où le chef de l'Etat avait été admis le samedi 27 avril 2013, suite à l'accident ischémique transitoire (AIT) sans séquelles qu'il a subi, avaient montré que son état de santé ne suscitait aucune inquiétude», avait indiqué le communiqué. «Ses médecins lui avait recommandé, néanmoins, des explorations médicales complémentaires à l'hôpital parisien du Val-de-Grâce, à l'issue desquelles le président de la République va entamer la phase de repos prescrite», avait conclu la même source. A la même époque, le professeur Bougherbal ou encore le Premier ministre, M. Sellal, avaient donné des assurances quant à la non gravité de l'état de santé du président Bouteflika. Le professeur Bougherbal avait même affirmé que l'état de santé du Président «évoluait bien» et qu'il n'avait subi «aucune lésion irréversible. Le chef de l'Etat doit compléter son bilan et récupérer un peu de la fatigue occasionnée par cette affection». Pour récupérer «un peu de la fatigue occasionnée» par «l'accident ischémique transitoire sans séquelles», il aurait fallu au Président un repos de presque trois mois en France où après une période d'hospitalisation au Val-de-Grâce, il a été transféré à l'institution national des Invalides. C'est lors de ce transfert et alors que les médias nationaux et étrangers se posaient énormément de questions sur l'évolution de l'état de santé du président Bouteflika, qu'il sera appris pour la première fois, que le Président a été transféré vers cette institution militaire pour «une période de réadaptation fonctionnelle». Ainsi, après avoir annoncé que le chef de l'Etat avait subi un AIT sans séquelles, la présidence annonce pour la première fois que le Président a besoin d'une réadaptation fonctionnelle. Les rumeurs vont s'amplifier après son transfert aux Invalides jusqu'au point où il sera donné pour mort, plus d'une fois. Ce qui forcera la main à ceux qui dirigent la communication sur l'état de santé du chef de l'Etat. Ils seront alors obligés de montrer des images du président de la République. Les images ont été transmises, sans le son, par une équipe de l'Entv, depuis les Invalides, à l'occasion de la visite du Premier ministre et du chef de l'état-major de l'armée au président de la République. C'est à cette occasion et pour la première fois que l'on ne parlait plus d'AIT à la télévision mais d'AVC (accident vasculaire cérébral). En effet, la veille du déplacement du Premier ministre et du chef de l'état-major en France, un bulletin de santé signé par les «médecins accompagnateurs» du président de la République a été rendu public où les professeurs Mohcène Sahraoui et Merzak Métresse y réaffirmaient que M. Bouteflika avait eu un AVC le 27 avril «sans retentissement sur ses fonctions vitales». Ils rappelaient que son transfert à Paris avait été décidé pour «un complément d'exploration, à l'issue de laquelle ses médecins lui ont recommandé d'observer une période de soins et de réadaptation fonctionnelle en vue de consolider l'évolution favorable de son état de santé». Depuis ces images aux Invalides, les Algériens n'ont pas eu l'occasion de revoir leur Président, jusqu'à hier, à l'occasion de son retour au pays après avoir achevé sa période de soin. Le chef de l'Etat devra cependant, selon le communiqué de la présidence, repris par l'APS «poursuive une période de repos et de rééducation». H. Y.