4 000 morts par an, soit une moyenne de 13 décès par jour. Ce n'est pas le bilan d'une guerre ou d'une épidémie, mais des accidents de la circulation. Pour la première semaine du mois de Ramadhan seulement, ce sont 98 personnes qui ont perdu la vie sur nos routes. Quant aux causes des accidents, 90% reviennent à l'homme et les 10% restant se partagent entre le véhicule, l'état des routes, l'absence de signalisation et la météo. Un petit calcul nous montre que si on arrive à maîtriser le facteur humain, on pourra ramener le nombre de morts aux alentours de 400 par an. Si on y ajoute le contrôle et l'adoption de plus de normes de sécurité pour les véhicules ainsi que l'entretien des routes, le chiffre baissera encore. Il suffirait donc de prendre les dispositions qu'il faut et, surtout, de les faire appliquer sur le terrain de la manière la plus rigoureuse et impartiale. Si on a réussi à le faire avec le port de la ceinture de sécurité, pourquoi pas avec le respect des limitations de vitesses, des distances de sécurité, des règles de conduite et du code de la route en général ? Les pouvoirs publics ont bien imprimé un autre tour de vis en durcissant les sanctions, mais seulement en théorie, dans les textes. Sur les routes, les poids lourds continuent de rouler sur les voies rapides, les bus se font toujours la course et les chauffards, pied au plancher, slaloment, dépassent à droite, vous collent au pare-chocs et font des queues de poisson. Il y a bien des patrouilles de police et de gendarmerie, fixes et mobiles, mais il est extrêmement rare de les voir enfourcher leurs motos ou lancer leurs bolides à la poursuite d'un hypothétique assassin. Les seuls endroits où on voit des représentants de l'ordre contrôler des automobilistes, c'est dans les barrages fixes - où tout le monde ralentit et prend sa voie sagement-, ou en ville - où les accidents ne sont pas les plus meurtriers-, avec un certain penchant pour les jeunes conductrices. Le même laisser-aller est relevé dans l'entretien des routes, l'imposition des «mouchards» pour les poids lourds et les transports en commun, le respect des normes de sécurité… On en parle en long, en large et en travers, mais c'est tout. Il est clair qu'avec une telle méthode de travail qui se suffit de l'élaboration de lois sans se soucier de leur application, les meurtriers ne seront jamais inquiétés et le nombre d'accidents continuera à caracoler vers le record mondial. Les pouvoirs publics ne sont, certes, pas coupables, mais ils en sont responsables, une responsabilité qui n'est pas loin de ressembler à la culpabilité.