Les amateurs de musique gnawi, reggae, chaâbi et même raï avait rendez-vous avec le show du groupe Gnawa Diffusion mené par Amazigh Kateb, qui s'est produit dans la soirée de mardi dernier au Théâtre de Verdure, à Alger. Organisé par l'opérateur privé Broshing event, ce concert-événement a été un record en termes d'affluence du public depuis le début du mois de Ramadhan, totalisant plus de 6 500 spectateurs qui se sont amassés sur les gradins du théâtre en plein air du complexe culturel Laâdi-Flici. La première partie de la soirée sera marquée par le groupe Debza, qui s'est taillé une sacrée renommée dans les milieux estudiantins et jeunes à la fin des années 1970 avec ses chansons engagées à l'humour grinçant enregistrées sur des cassettes distribuées sous le manteau. Mais le public, trop jeune pour connaître Debza, qui a disparu de la scène depuis près de 30 ans, est venu pour Amazigh et scandait le nom du chanteur engagé, véritable icône, qui montait sur scène pour la première fois après la sortie du dernier album du groupe Shock el hal en 2013. Goumbri à la main, Amazigh Kateb a enchanté son public de sa voix qui n'a pas pris une ride, par le premier istikhbar et son premier morceau Guelb ou dem (cœur et sang) que tous les spectateurs du théâtre ont repris en chœur. Dans une ambiance électrisée, Amazigh Kateb a marché sur les traces du dernier spectacle avant la séparation du groupe en 2007 en enchaînant des titres comme Ya laymi qui comporte une grande influence de musique chaâbi avec P'tit Moh au mandole, tout en y ajoutant des chansons du dernier album comme Bism el hak ou l'amour et Promesse de mort. Les qualités de show-man d'Amazigh Kateb, «principal atout de l'artiste après ses textes engagés», selon ses fans, étaient au cœur du spectacle. Tout au long du concert le chanteur n'a eu de cesse de discuter et de plaisanter avec son public tout en mettant l'accent sur des causes et des insuffisances qui lui tiennent à cœur, à lui comme à son public. Beaucoup de reggae dans la musique et dans le jeu de scène, en plus de la franche inspiration gnawi, qui peut fusionner avec une multitude de genres différents dont le chaâbi, font de Gnawa Diffusion un univers musical à part entière qui continue à inspirer beaucoup de jeunes musiciens après avoir donné le déclic pour la diffusion de la musique gnawi il y a plus de dix ans. Formé en 1992 en France, Gnawa Diffusion a connu le succès autour du chanteur Amazigh Kateb, du percussionniste Ammar Chaoui et du joueur de mandole P'tit Moh avec cinq albums dont Bab el Oued Kingston et Souk Système qui ont connu un franc succès. Aujourd'hui, même si son succès auprès du public reste impressionnant, le groupe peine un peu à renouer avec son niveau musical initial, vu les retours mitigés sur son dernier opus, mais «l'esprit Gnawa Diffusion reste intact et le groupe travaille déjà sur un nouveau projet», selon le leader. Parallèlement à Gnawa Diffusion, les talents des membres du groupe sont souvent sollicités à l'image de Mohamed Abdenour dit P'tit Moh, qui est aujourd'hui chef de l'orchestre «El Gosto», qui enchaîne les scènes internationales, et d'Amazigh Kateb qui s'est essayé au cinéma dans le dernier projet de Lyes Salem El Wahrani qui devrait sortir l'année prochaine.