Photo :Riad Par Smaïl Boughazi «Les pays en voie de développement n'ont pas grand-chose à tirer de leur adhésion à l'Organisation mondiale du commerce.» C'est la vérité amère que n'a pas cachée M. Nicholas Imboden, directeur du centre d'études et de recherches Ideas de Genève hier lors d'une rencontre organisée sous l'égide de l'Institut national des études stratégiques globales. «Il ne faut pas se leurrer», lâche le conférencier devant un parterre d'invités. «Ce n'est pas le big boom une fois accédé à l'OMC, l'évolution est lente», affirme M. Imboden. Cette analyse a laissé plus d'un ébahi dans l'assistance, mais l'orateur appuie encore : «Les exportations des pays en développement sont soumises à des droits de douane quatre fois plus élevés que les pays de l'OCDE.» L'ancien négociateur suisse apporte des arguments chiffrés. «Le Bangladesh, qui exporte 2,4 milliards de dollars aux Etats-Unis, débourse 331 millions de dollars de droits de douane, alors que la France, qui exporte 30 milliards de dollars, paye dix fois moins que le Bangladesh.» Donc, analyse l'orateur, «les pays en développement n'ont pas de grands intérêts à tirer de cette adhésion». Bien au contraire, ajoute-t-il, «les règles de l'OMC encouragent l'exportation des produits non finis et les matières premières. Les produits manufacturés sont soumis à des droits de douane très élevés». Pour lui, cet état de fait est logique. «Ce sont les pays riches qui ont mis en place ces règles et les autres étaient absents à ce moment-là», souligne-t-il. Le conférencier a voulu visiblement commencer par les mauvaises nouvelles, puisqu'il dira ensuite que ces pays qui sont encore en négociation risquent de payer la facture plus cher s'ils retardent l'adhésion. «Il faut quand même être membre», suggère M. Imboden en évoquant le cas de notre pays qui est depuis 10 ans en négociation. Cette intégration à l'OMC permettra d'avoir «une politique économique qui intègre le marché international». En plus, il dira que «les règles de l'OMC sont utiles pour l'économie algérienne». «Si vous ne faites pas ça, tout d'un coup vous êtes à côté de la plaque», tonne l'orateur, pour qui cette accession donnerait pour résultats «une économie qui se rapproche des règles internationales». Il explique qu'aucun pays ne peut rester en dehors de ces règles et chaque retard aurait sa facture, car les règles évoluent au fur et à mesure que des membres accèdent à l'Organisation. Dans la foulée, l'orateur a également tenté de mettre les points sur les i concernant la globalisation et l'OMC. Pour lui, ce sont deux concepts différents. La globalisation est, à en croire ses dires, un phénomène technologique et économique qui influence les pays d'une manière ou d'une autre, tandis que l'OMC est une organisation basée sur des principes bien définis. Il expliquera que les principales règles sont le traitement mutule, la non-discrimination entre les pays et le libre-échangisme. Il affirmera aussi que cette organisation fonctionne d'une manière démocratique puisque toute décision doit avoir l'aval de tous les pays membres.