Un hommage a récemment été rendu, à Oran, au grand dramaturge et homme de théâtre algérien Abdelkader Alloula, tragiquement disparu sous les balles assassines de l'obscurantisme en 1994 au Théâtre régional d'Oran, qui porte le nom du regretté disparu. Cet hommage, initié par la Fondation Abdelkader-Alloula a été rendu notamment à travers la représentation de la pièce théâtrale Kessas Nessin, devant un public nombreux et en présence de Raja Alloula, veuve du dramaturge et présidente de la fondation, rapporte l'APS. La pièce, adaptée du texte de Alloula et inspirée de l'œuvre du romancier turc Aziz Nesin, se compose de deux nouvelles intitulées El Wajib el Watani (le devoir national) et El Wissam (la médaille ou la récompense). Il est à noter que la Fondation Abdelkader-Alloula œuvre, depuis sa création en 1999, à soutenir les projets de création de jeunes troupes théâtrales tout en mettant son fonds documentaire à la disposition des universitaires et des chercheurs. Elle a créé dans ce cadre un centre de documentation et d'archives théâtrales qui compte plus de 800 ouvrages spécialisés dans le théâtre, les arts et la culture ainsi qu'un fonds audiovisuel sur l'expérience de Alloula. La présidente de la Fondation, a annoncé que l'œuvre, le parcours et la dimension humaine de ce grand nom du 4e art algérien seront également mis en relief lors d'un colloque international prévu à Oran en mars 2014, date coïncidant avec la 20e année de sa disparition. Pour rappel, Abdelkader Alloula est né le 8 juillet 1939 à Ghazaouet. Après des études secondaires à Oran, il débute au théâtre en 1956 avec la troupe Echabab. En 1962, il met en scène Les Captifs de Plaute avec l'Ensemble théâtral oranais. Il est appelé en 1963 à faire partie de la troupe naissante du Théâtre national algérien (TNA) et participe à de nombreux spectacles. Il est également acteur de cinéma. Il met en scène entre 1964 et 1968 plusieurs textes d'auteurs contemporains, dont Rouiched, Tewfik El Hakim, Gorki et Cervantès. Il écrit et se met en scène pour le théâtre, entre autres dans El Aleg (Les Sangsues) en 1969, El Khobza (Le Pain) en 1970, Homq Salim adapté du Journal d'un fou de Gogol en 1972, Lagouel (Les Dires) en 1980, El Ajouad (Les Généreux) en 1985, El Lithem (Le Voile) en 1989, Arlequin valet de deux maîtres en 1993 (adaptation de Carlo Goldoni) et Etteffah (Les Pommes) en 1994, devenant ainsi, l'un des auteurs majeurs de sa génération en Algérie. Abdelkader Alloula a été assassiné le 10 mars 1994 à Oran, à la sortie de son domicile par un soir de Ramadhan, rue Mohamed-Boudiaf (ex-de Mostaganem). Au delà de sa disparition, le grand du théâtre a su transmettre la passion du 4e art à toute une génération d'artistes qui ont fait des planches une tribune d'engagement pour le rayonnement de la culture et la transmission des valeurs humaines. Ainsi, cet hommage était d'autant plus émouvant, que Kessas Nessin (nouvelles de Nessin) a été interprétée par de jeunes comédiens sous la direction de Jamil Benhamamouch neveu de Alloula, assisté de Rihab Alloula, la propre fille du regretté disparu, qui perpétue l'œuvre de son père au-delà de la tragédie qui a marqué sa famille et tout le monde artistique. S. B.