Les Etats-Unis annoncent un retour aux négociations entre les Palestiniens et l'Etat d'Israël. Ce retour annoncé par l'hyperpuissance, seule administration ayant un minimum de prise sur ce dossier épineux, reste cependant floue. Les différentes déclarations des officiels américains et israéliens ne brillent pas cependant par leur clarté. Et pour se donner bonne conscience l'Etat hébreu use de subterfuges. Israël annonce la libération de 26 prisonniers palestiniens dans le cadre du fameux accord sur la relance des négociations de paix. Une relance qui suscite le mécontentement des Palestiniens, notamment avec l'annonce de nouvelles constructions dans les colonies israéliennes sur les terres palestiniennes. La libération de prisonniers palestiniens, injustement incarcérés, s'apparente à un dépôt sur la table des négociations d'un gage à moindre frais. L'autorité d'occupation emprisonne les Palestiniens souvent sur simple suspicion. Les geôles israéliennes sont aujourd'hui pleines de prisonniers palestiniens que l'Etat hébreu voudrait monnayer le cas échéant. Aujourd'hui, la carte, tellement facile, des prisonniers est ressortie pour signifier que la balle est bien dans l'autre camp. Et que les Palestiniens devraient encore faire des concessions. La duplicité de l'Etat occupant n'est plus à démontrer tant les signes sont patents sur le terrain. C'est le ministère du Logement israélien lui-même qui a annoncé un appel d'offres pour la construction d'un millier de nouveaux logements dans les colonies, en Cisjordanie et à Al-Qods occupée. Un acte qui va à l'encontre de la légalité internationale, mais qui ne suscitera point de réaction encore moins les inquiétudes d'usage. Du côté palestinien, si l'annonce des libérations a été accueillie avec joie, ces nouvelles constructions sont perçues comme une nouvelle preuve de l'impunité de l'Etat d'Israël. L'annonce des Israéliens intervient au moment où le département d'Etat américain parle de négociateurs des deux parties devant reprendre incessamment les pourparlers de paix entamés fin juillet à Washington. Pour le négociateur palestinien Mohammad Chtayyeh, «il est clair qu'en approuvant de nouvelles constructions trois jours avant la reprise des pourparlers, le gouvernement israélien tente de saboter les efforts de la communauté internationale et des Etats-Unis pour la reprise des négociations». Les Palestiniens estiment que cette mesure montre un manque de sérieux d'Israël dans les négociations. Selon Chtayyeh, Israël a l'intention, par ses activités denses de construction dans les colonies, «de détruire les bases d'une solution qui vise à établir un Etat palestinien dans les frontières de 1967». Les autorités d'occupation israéliennes ont donné récemment leur feu vert pour la construction de plus de mille logements dans des colonies en Cisjordanie occupée. Selon des ONG, certaines constructions ne s'encombrent même plus des autorisations nécessaires. Le négociateur palestinien demande aux Etats-Unis de prendre position clairement et fermement pour mettre un frein à ces activités illégales. Sans succès. L'appel d'offres est en soi un nouveau fait accompli que l'Etat hébreu met en place pour «déterminer les négociations dans le sens qui lui convient». Le tout bénéficiant d'une impunité à toute épreuve. «Nous allons continuer de mettre des appartements sur le marché et de construire partout dans le pays», affirmera publiquement un membre du gouvernement israélien. Pourtant la question des colonies, point d'achoppement des précédentes négociations en 2010, est inévitable dans le déroulement de pourparlers. À Ramallah, le président palestinien Mahmoud Abbas joue le jeu en rencontrant le médiateur américain Martin Indyk. Ce dernier réaffirme à Abbas le soutien des Etats-Unis dans ces négociations qui doivent aboutir à un «accord de paix» dans les neuf mois. Conformément à l'objectif fixé par le secrétaire d'Etat américain John Kerry. Netanyahu refuse catégoriquement de proclamer ne serait-ce qu'un gel de la colonisation, passage obligé pour toute relance sérieuse des négociations. Un Netanyahu, passé maître dans l'art du bluff, en expédiant une lettre à Kerry pour se plaindre des pseudos «provocations» d'Abbas. Certains journaux égyptiens avaient fait état de déclarations de Abbas où il aurait affirmé que les «Palestiniens ne veulent voir aucun Israélien, civil ou militaire, sur leurs terres dans le cadre de quelque accord final». Hannan Achraoui, membre du Comité exécutif de l'OLP et militante au long cours, résume parfaitement la situation : «Israël tente à chaque fois de tromper le monde en utilisant les négociations comme moyen pour poursuivre sa politique de colonisation et d'agression.» M. B.