Les partisans du président destitué Mohamed Morsi ont manifesté, hier, en particulier aux abords de plusieurs ministères, défiant les autorités qui menacent de disperser à tout moment les milliers de pro-Morsi occupant deux places du Caire. L'une de leurs marches a brièvement dégénéré aux abords du ministère des Biens religieux, où des heurts ont éclaté entre des partisans de l'ex-chef de l'Etat et des résidents du centre-ville du Caire, poussant la police à tirer des grenades lacrymogènes. Ce bras de fer avec le pouvoir, installé par l'armée, qui s'est engagé à vider les places Rabaa al-Adawiya et Nahda des milliers d'islamistes y campant depuis plus d'un mois avec femmes et enfants inquiète la communauté internationale, qui redoute un nouveau bain de sang. Depuis l'expiration, dimanche dernier, d'un ultimatum de la police, les islamistes multiplient les appels à défiler à travers l'Egypte pour maintenir la pression sur les nouvelles autorités et exiger le retour au pouvoir de M. Morsi. Des partisans de M. Morsi ont également défilé à Alexandrie (nord). L'Alliance contre le coup d'Etat, une coalition pro-Morsi avait appelé à une manifestation d'«un million de personnes», hier, sous le slogan «Ensemble contre le coup d'Etat et les sionistes». Cet élargissement du mot d'ordre traditionnel visait à faire vibrer la corde nationaliste après un raid aérien sur le Sinaï, attribué par des jihadistes à Israël qui, selon les médias israéliens, coopère étroitement avec l'armée égyptienne sur le dossier sensible de la sécurité dans la péninsule. Les autorités ont annoncé qu'elles disperseraient les pro-Morsi de façon «graduelle», pour persuader certains manifestants d'évacuer pacifiquement avant que l'assaut ne soit lancé contre les plus déterminés. Mais la mobilisation ne faiblit pas à Rabaa al-Adawiya et Nahda, où des barricades de briques et de sacs de sable ont été érigées. Alors que le gouvernement et la presse quasi-unanime les accusent d'être des «terroristes» ayant stocké des armes automatiques sur les deux places et se servant des femmes et des enfants comme «boucliers humains», les Frères musulmans répètent à l'envi que leurs rassemblements sont pacifiques. Mais les violences entre pro et anti-Morsi et entre pro-Morsi et forces de l'ordre ont déjà fait plus de 250 morts depuis fin juin, essentiellement des manifestants pro-Morsi. Le gouvernement peine à adopter une stratégie claire, déchiré entre partisans de la manière forte, soutenus par une grande partie de la population, et tenants du dialogue, appuyés par la communauté internationale.