Par les temps qui courent, notre sport en général, toutes disciplines confondues, donne la nette impression de dévier de l'aspect purement désintéressé et bienfaisant qui le caractérisait quelques décennies auparavant. Actuellement, des sommes faramineuses étant mises en jeu et les responsables des clubs brassant des budgets colossaux, il est donc normal que tout ce beau monde ne cherche plus que les résultats immédiats, les consécrations au détriment de la formation. C'est le recours à la piste africaine. Elle n'est pas coûteuse et les joueurs offrent le plus souvent des solutions de rechange. Le recours à la piste africaine est dû à l'insuffisance du travail de formation au niveau des clubs algériens. Le joueur local talentueux se fait de plus en plus rare dans le championnat algérien. En plus, nos joueurs ne pensent qu'à l'argent, alors que la plupart des joueurs africains qui viennent ici cherchent à s'illustrer en vue d'attirer les recruteurs d'Europe. A quelques exceptions et à part des noms qui ont marqué de leur passage la scène du football national, cet apport n'a pas été concluant. On a dépensé de l'argent fou pour des joueurs de troisième ou quatrième zone. Les joueurs africains ne réussissent pas tous systématiquement en Algérie. Ceci est parfois lié à une question de moral ou d'intégration. Les clubs investissent de grandes sommes pour un joueur et finissent par être déçus de son rendement. Alors que le plus souvent, les clubs chanceux mettent la main sur un joueur à un prix presque dérisoire pour réaliser ensuite une bonne affaire avec lui comme l'ex-attaquant de la JSMB le Camerounais N'djjeng parti à l'ES Tunis pour ensuite aller en Suisse. Mais parfois, les clubs se font flouer. Une statistique révélée par la LFP au cours de sa dernière assemblée générale ordinaire sur le temps de jeu auquel ont bénéficié les joueurs étrangers durant la phase aller du championnat ne plaide guère à leur faveur. En effet, la moyenne d'un joueur africain utilisé en Ligue-1 ne dépasse pas les 70 minutes dans un match, ce qui a emmené le président Mahfoud Kerbadj à se montrer très prudent quant à la présence de la filière africaine en Ligue 1 : « je ne suis pas contre les joueurs africains. Seulement, je constate que nos clubs font souvent le mauvais choix quand il s'agit de recruter un joueur de l'Afrique noire. Certains offrent même des sommes mirobolantes pour des éléments qui n'en valent pas la peine ». Le patron de la LPF va même jusqu'à émettre des doutes a peines voilés sur le statut international de certains joueurs africains qui rejoignent la Ligue1. «A voir le niveau de certains joueurs, je ne vois pas comment ils ont pu être internationaux dans leurs pays», s'indigne-t-il. Il est peut-être temps de mettre en place des critères techniques (la nouvelle DTN si elle dispose de l'envergure et du pouvoir nécessaires) qui limiteront ces errements. Un joueur étranger ne devrait être recruté que sur la foi d'un dossier technique (sélectionné dans son pays, combien de sélections en équipe A, régularité et cheminement de carrière, etc.). En l'état actuel des choses, les clubs s'enflamment sur la foi d'un CV concocté sur la terrasse d'un café et amplifié par l'intermédiaire de moyens peu convaincants. Le club est victime de ces procédés et les dépenses en devises fortes coûtent cher au pays qui, faute de critères techniques solides et crédibles mis en place, ne dispose d'aucun moyen d'appréciation. Lors de la dernière réunion du bureau fédéral, des consignes ont été données pour examiner cette question et pour mettre un terme à ces coûteux errements. La LFP le fera-t-elle en procédant à la mise en place de la commission de contrôle de la gestion des clubs? A. L.