La Bourse d'Alger a fourni ces deux dernières années des efforts considérables en vue d'attirer les entreprises économiques publiques et privées. Les réformes entamées avec le concours du ministère des Finances et le Pnud y sont pour quelque chose dans ce timide dynamisme. L'introduction en Bourse de deux entreprises privées reste pour le moment le meilleur indicateur de la prise de conscience du monde des affaires quant à la nécessité de booster l'activité boursière dans le pays. Certes, un long travail reste à faire étant donné que la capitalisation boursière reste loin du potentiel de l'économie algérienne. Avec quelque 16 milliards de dinars de capitalisation, la Bourse d'Alger offre encore une image négative d'une économie qui refuse de s'ouvrir et de faire confiance à l'épargne publique. Car, les spécialistes le confirment, l'épargne demeure un des piliers pouvant soutenir l'activité économique et même contribuer au financement de certains secteurs d'activité. Les opérateurs économiques sont conscients de ces enjeux, mais il reste à les inciter à ouvrir les portes de leurs entités pour tirer profit des avantages de la Bourse. C'est le défi de cette institution. Elle a d'ailleurs entamé, l'année dernière, la mise en œuvre des recommandations formulées par une expertise nationale et internationale, dans le cadre d'un plan de réforme. Parmi les points retenus, l'élargissement des ordres traités par le système de négociation de la Bourse d'Alger à une nouvelle gamme et la diffusion sur le site web de la Bourse d'Alger d'un état récapitulatif renseignant sur les conditions (cours, volumes) des ordres boursiers non satisfaits. Il était question aussi d'élargir le marché boursier aux petites et moyennes entreprises (PME). Des amendements ont été introduits dans le règlement général de la Bourse d'Alger dans le but de réorganiser le marché boursier national par la création de trois compartiments, dont un marché principal réservé aux grandes entreprises, un marché dédié aux PME et un troisième marché destiné à la négociation des obligations assimilables du Trésor (OAT). Les PME ont également bénéficié de l'assouplissement des conditions d'admission au marché boursier.A travers ce travail, des objectifs s'imposent et ils sont déjà définis. Il s'agit entre autres d'une capitalisation boursière de 40 milliards de dollars à atteindre, ce qui se fera notamment par le biais de centaines sociétés cotées en Bourse et un taux de rotation annuel de 4 milliards de dollars. Mais, la Bourse devra atteindre déjà au moins 10 milliards de dollars dans cinq ans, ce qui représentera 5% du PIB. Cet objectif est réalisable avec une quarantaine d'entreprises. Le gouvernement entend d'ailleurs donner un coup de pouce aux activités de cette institution en incitant certaines entreprises publiques économiques (EPE) à entrer en Bourse. Un exemple qui sera certainement apprécié du côté du privé. Par ailleurs, la réorganisation des métiers du marché financier est également en voie de concrétisation. Ce qui permettra aux sociétés intermédiaires de jouer pleinement leur rôle dans ce secteur. L'on peut citer à ce titre l'initiative lancée par l'expert financier Lyes Kerrar, qui a pris la décision de créer la première société d'intermédiation indépendante. Il justifie son action par la nécessité de développer le marché financier pour capter l'épargne qui est abondante. «Pour cela, il faut des intermédiaires en Bourse», a-t-suggéré dans une déclaration récente. Actuellement, la place compte six intermédiaires en opérations de bourse (IOB), soit la BNA, la Badr, la BDL, la Cnep Banque, la BEA et le CPA. Mais en vue d'une activité plus intense dans les prochaines années, la Commission d'organisation et de surveillance des opérations de bourse (Cosob) a signé récemment une convention de formation des IOB avec l'Institut d'économie douanière et fiscale (Iedf). Cette formation d'une courte durée sera destinée aux cadres des banques et établissements financiers. S. B.