«Nul homme ne peut être accusé, arrêté ni détenu que dans les cas déterminés par la loi, et selon les formes qu'elle a prescrites.» C'est l'alinéa 1 de l'article 4 de la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen de 1789, année de la prise de la Bastille et de la proclamation de la République française. Une déclaration qui vaut pour toute personne et qui a inspiré la Déclaration universelle des droits de l'Homme du 10 décembre 1948. Nous sommes justement à la veille de la célébration du soixantième anniversaire de ladite déclaration. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les droits de l'Homme ne sont pas respectés dans le pays où ils ont été décrétés, la France en l'occurrence, où la justice fait des siennes. Notamment en ce qui concerne la désormais «affaire» du diplomate algérien. C'est dans le pays des droits de l'Homme et du citoyen que les valeurs sont inversées. Mohamed Ziane Hasseni qui n'a pas droit au bénéfice du doute, et auquel le sacro-saint principe du droit universel n'est point appliqué, est sommé contre toute attente de prouver son innocence alors qu'il appartient à la partie l'accusant de complicité dans l'assassinat d'Ali André Mecili de prouver sa culpabilité. C'est dans le pays des droits de l'Homme et du citoyen qu'un magistrat instructeur fait fi de toutes les données et autres éléments en faveur de M. Hasseni et continue à le maintenir sous contrôle judiciaire, lui interdisant de quitter la région parisienne, faisant de lui un otage. Toutes les informations et tous les documents n'ont pu venir à bout de la «conviction» qu'a fait sienne le juge Baudoin Thouvenot. A savoir que le diplomate algérien est coupable et devra répondre de ses actes devant la cour d'assises. D'aucuns estiment que le magistrat n'a d'autre souci que la recherche de la vérité. Qu'à cela ne tienne. Pour ce faire, la procédure doit être respectée, le diplomate doit bénéficier de la présomption d'innocence en attendant que l'accusation apporte la preuve de sa culpabilité au lieu de prendre pour argent comptant un témoignage pour le moins controversé. Si les responsables algériens, le dernier en date étant le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme, ont tour à tour déclaré publiquement, solennellement que le dossier d'instruction était vide, c'est qu'ils sont persuadés de l'innocence de M. Hasseni. Ils ne se seraient pas hasardés à de telles déclarations en sachant qu'outre-mer les médias ne leur feraient pas de cadeaux et n'hésiteraient pas à les pourfendre. Mais, au pays des droits de l'Homme et du citoyen, on est coupable jusqu'à preuve du contraire. F. A.