La saleté envahit notre environnement, sans que personne ne s'en préoccupe pour autant. La vue de ces détritus qui s'amoncellent à tous les coins de rue, est devenue quasi normale. Les déchets qui pullulent partout font, malheureusement, partie du «paysage». Tout le long des trottoirs, au bord des routes et à l'intérieur des cités, les déchets s'étalent partout. Les artères sont couvertes de crasse, de papiers, de bouteilles vides et d'autres détritus jetés par les passants pour qui la rue semble être un grand dépotoir en plein air. Les villes sont polluées et infestées d'odeurs nauséabondes. L'Insalubrité en Algérie gagne chaque jour un peu plus d'espace. Pourtant, une opération concernant la propreté des villes a été lancée en décembre 2012 par Amara Benyounès, ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire. Les autorités ont un plan, du moins théoriquement, afin de nettoyer l'Algérie. Un plan contenu dans les premiers objectifs du gouvernement Sellal. La stratégie adoptée prévoit une meilleure gestion et collecte des déchets pour l'entretien de l'hygiène à long terme. En outre toutes les villes du pays ont été équipées d'incinérateurs ainsi que de centres d'enfouissement technique (CET). Le CET est une décharge qui permet de stocker les détritus sous le sol pour minimiser la pollution. Il permet aussi de produire de l'énergie à partir du biogaz qui se dégage des ordures ménagères. Le ministre en charge de l'environnement a même fait appel à une vedette cinématographique internationale, en l'occurrence Arnold Schwarzenegger, pour l'installation d'une ONG à Oran, dans le but de trouver les solutions adéquates à la gestion des déchets. Il a également annoncé des mesures répressives concernant les personnes qui jettent leurs ordures partout. Mais rien ne semble porter ses fruits pour le moment. Alger la blanche n'est plus. Dans la capitale, aucun changement n'est constaté. Les ruelles sont de plus en plus sales. Les sachets en plastique et les emballages de produits sont répandus à même le sol. Au niveau de l'ex-marché Clauzel (rue Khelifa Boukhalfa), une benne, située juste à l'entrée du marché, déborde de déchets qui s'entassent et s'accumulent tout autour. Des femmes âgées entre 30 et 60 ans fouillent les sachets poubelles pour trouver de quoi se nourrir. Elles préfèrent faire ça plutôt que mendier. Les mouches ont trouvé leur coin de paradis. Les commerçants installés à coté de la décharge témoignent de leur dégoût de la situation dans laquelle ils se trouvent. Ils disent s'être accommodés malgré eux. Selon le vendeur d'herbes aromatiques culinaires (menthe, persil..) la benne est trop petite pour pouvoir contenir toutes les ordures jetées par les vendeurs du marché et de ses alentours mais aussi par les habitants du quartier. «Net Com nettoie à partir de 14h jusqu'a minuit et ça reste sale. On essaie de l'aider car il y a beaucoup d'ordures. Les gens jettent à n'importe quelle heure.». il se désole que les vendeurs n'arrivent pas à trouver une solution pour mieux gérer cette situation. «Si je conseille à certains marchands de jeter leurs déchets dans la benne et non pas à l'extérieur avec un respect des horaires ça crée des tensions et ça peut se terminer en bagarre. Alors il vaut mieux se taire et faire avec les moyens du bord.» Le commerçant de fruits déclare investir dans les produits d'entretien pour nettoyer l'endroit ou il étale sa marchandise. «Moi et les vendeurs qui m'entourent on achète avec notre propre argent de la javel et un tuyau d'arrosage pour assainir le plus possible notre lieu de vente. Les gens sont sales et manquent d'éducation en ce qui concerne la propreté. Et les services de nettoyage ne suffisent pas. Quant à l'APC de Sidi M'hamed le ramassage des ordures constitue le dernier de ses soucis, malgré toutes les fois où on a fait appel à elle.» Plus loin, Place du 1er-Mai, Nabil le gérant d'un fast food en a lui aussi ras-le-bol de la décharge qui se trouve à proximité de son magasin. «Les habitants de la cité sont brouillons. Ils jettent tout et n'importe quoi ici. On peut à tout moment recevoir un sachet d'ordures sur la tête.» Il atteste que le service Net Com nettoie tout les jours mais ne peut pas assurer toute la collecte des déchets. «Net Com ne ramasse pas les gravats. Certaines ordures restent de longues heures avant d'être ramassées, ce qui donne une mauvaise odeur et des mouches qui virevoltent autour. Malheureusement c'est moi qui suis pénalisé à cause du manque d'hygiène», nous dira-t-il. «On manque incontestablement de civisme, il devrait y avoir plus de campagnes de sensibilisation à la protection de l'environnement. Notamment à l'école, qui est le premier lieu d'apprentissage des bonnes manières. Ces déchets peuvent être une réelle alternative pour la production d'énergie grâce aux CET et la relance économique. Et peut être qu'un jour Alger reprendra son blason d'Alger la blanche», ajoute-t-il dans un élan d'optimisme. Par ailleurs les habitants du boulevard colonel Lotfi, à Bab El Oued, ont pris l'initiative louable de contacter Net Com afin de les approvisionner d'un nombre supplémentaire de poubelles. Ainsi ils se sont mis au tri sélectif. Les voisins veillent à ce que tout le monde respecte cette résolution populaire. Cela n'empêche pas, pour autant, la saleté des lieux. Les trottoirs restent sales et remplis d'ordures même si les équipes de Net Com passent plusieurs fois par jour pour nettoyer. Toutefois les déchets produits par les Algériens constituent un vrai casse tête pour l'Etat. À quand l'application de la verbalisation des gens qui jettent leurs détritus partout et à n'importe quelle heure ? À quand l'application du projet «Nettoiement du pays» prévu par Amara Benyounès ? Car le mauvais comportement du citoyen, son manque de civisme et d'intérêt pour l'environnement qui l'entoure sont plus qu'alarmants. L'Algérien qui montre, à diverses occasions, son attachement à l'islam ne pratique pourtant pas les préceptes de sa religion. N'est ce pas le prophète qui a dit «la propreté fait partie de la foi» ? Mieux encore. Dans un autre hadith, il dira que «la propreté est la moitié de la foi». On ne peut pas prétendre être musulman et être sale. Avant d'être des pratiques religieuses, l'islam est avant tout un comportement exemplaire. R. A.