Tenu dans une confusion totale sur fond d'imbroglio juridique entre une interdiction du Conseil d'Etat et une autorisation de la Cour administrative, le comité central du FLN a plébiscité la candidature d'Amar Saidani au poste de nouveau secrétaire général du parti. Mais l'accession de l'ancien président de l'APN à la tête du FLN pour succéder à Abdelaziz Belkhadem, destitué il y a sept mois, est contestée par des membres du même comité, ainsi que par des éléments du BP, qui ont boudé le conclave d'El Aurassi, initialement interdit par le Conseil d'Etat, dans l'après midi de mercredi avant de bénéficier d'une autorisation délivrée par la Cour administrative d'Alger dans la soirée du même jour. Le plébiscite d'Amar Saidani par 271 «congressistes» n'a pas fait cependant consensus du côté du siège du parti, sis à Hydra. De ce côté, l'élection d'Amar Saïdani au poste de secrétaire général du FLN est nulle et non avenue. C'est ce qu'a soutenu Abderahmane Belayat, coordinateur national du parti. Epaulé par le groupe des redresseurs, dont Abdelkrim Abada, Belayat défendait l'idée qu'il n'est pas permis à quiconque de «livrer le parti à des positions personnelles dans des rendez-vous décisifs». Il venait en effet de remettre en cause, une énième fois, l'attribution d'une autorisation par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales au groupe d'Ahmed Boumehdi pour une session du comité central de l'ex-parti unique. Estimant que «la réunion d'El Aurassi est illégale et ses résultats le seront aussi», Abderahmane Belayat annonça que lui et ses partisans vont poursuivre «les consultations pour préparer la prochaine session du comité central afin d'élire un nouveau secrétaire général». C'était la première réaction d'Abderahmane Belayat et son équipe quasi simultanément avec le déroulement de la session du comité central expédiée à El Aurassi. Voulant ainsi faire plus qu'une dénonciation qui repose sur l'illégalité de la session en question, le coordinateur du parti et ses alliés passeront à l'écrit. Ils choisiront deux destinataires : le ministère de l'Intérieur et Abdelaziz Bouteflika en tant que président du parti. C'est ce qu'indique un communiqué signé du coordinateur du parti et rendu public dans la soirée de jeudi dernier. A l'adresse du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, les rédacteurs du communiqué ont évoqué principalement la valeur légale de l'autorisation attribuée à des membres du comité central pour la tenue de la session, définie comme extraordinaire, avant qu'elle ne devienne celle de la «poursuite des travaux de la 6e session», le discours de Boumehdi et badges de participants faisant foi. «L'autorisation attribuée par le wali d'Alger à trois membres du comité central ne satisfait pas les conditions légales et organiques pour la convocation d'une session du CC afin d'élire un secrétaire général du parti», est-il écrit à l'adresse de Daho Ould Kablia. Belayat rappela au département de l'Intérieur l'article 9 du règlement intérieur du comité central, qui stipule que «la seule personne qui est en droit de convoquer la session de cet organe est le coordinateur national du parti». Autrement dit, l'autorisation accordée au groupe de Boumehdi est une violation de la loi. Pour cette raison, souligne le communiqué de Belayat, «nous vous affirmons notre opposition à tous les résultats issus de cette session». Dans un second communiqué, le coordinateur national du FLN «exhorte toutes les institutions de l'Etat d'œuvrer pour l'annulation de ce qui a été accompli à El Aurassi». Les contestataires de la réunion du CC s'en remettent par ailleurs à Abdelaziz Bouteflika, en sa qualité de président du parti du FLN. «Nous espérons qu'il exerce ses prérogatives pour remettre les choses à leur place (…) en consacrant la voix de la sagesse.» Quelle sera la réaction du président de l'ex-parti unique et celle du ministère de l'Intérieur à cette sollicitation ? Les prochaines semaines apporteront sans doute une partie de la réponse. L'insistance de Belayat à refuser «le fait accompli» renseigne cependant que le malaise organique au sein du FLN n'est pas encore dissipé même avec la proclamation de Amar Saïdani comme nouveau secrétaire général du parti. A. Y.