La perspective d'une intervention militaire américaine en Syrie a relégué au second plan les préoccupations économiques du sommet du G20 tenu les 5 et 6 septembre courant à Saint-Pétersbourg (Russie). Conçu à l'origine comme une enceinte réservée aux débats économiques et financiers, le G20 a été ainsi dominé cette fois par les tensions diplomatiques autour de la crise syrienne, source de très vives tensions diplomatiques entre les Etats-Unis et la Russie depuis plusieurs jours, Moscou soutenant Damas et s'opposant à l'option militaire américaine. Mais, au-delà des tensions diplomatiques, les pays du G20 ont manifesté à Saint-Pétersbourg un certain élan de coopération sur les sujets économiques, qu'il s'agisse d'évasion fiscale ou de réponse aux problèmes émergents. Le président français, François Hollande, et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont fait part hier de leur satisfaction, oubliant un moment leurs divisions sur une intervention armée contre Damas, soutenue par la France mais rejetée en bloc par Berlin. «Il y a beaucoup de convergences dans le dialogue de ce G20», a dit M. Hollande lors d'une réunion de travail consacrée au thème de l'emploi. «Notre objectif commun est la croissance», a-t-il affirmé. Angela Merkel a, quant à elle, salué «les progrès significatifs» des principales puissances économiques sur le sujet épineux de la fraude fiscale, et de la fuite des multinationales devant l'impôt». «C'est un sujet qui touche les gens. D'un côté nous luttons contre le chômage et de l'autre il y a des entreprises très florissantes qui ne paient d'impôt nulle part», a-t-elle ajouté.
La santé économique mondiale au menu du G20 En somme, les chefs d'Etat des vingt puissances économiques du monde ont fait le point jeudi et vendredi dans l'ancienne capitale impériale russe, Saint-Pétersbourg, sur la santé de l'économie mondiale. Ils ont estimé à l'issue de la réunion que la reprise économique mondiale restait «trop faible», en raison de «risques» liés notamment aux économies émergentes. «La reprise est trop faible et les risques persistent», en particulier ceux liés à «la croissance ralentie dans les économies émergentes, qui reflète dans certains cas l'effet d'une volatilité des flux de capitaux, de conditions financières plus difficiles et d'une volatilité des prix des matières premières», déclare le communiqué final. Aussi membres du G20, les pays émergents, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) qui représentent plus du quart des richesses et 40% de la population de la planète, ont tenté pendant deux jours de s'afficher en chefs de file des économies émergentes, devenues pendant l'été une source d'inquiétude majeure. Même si la croissance s'est renforcée dans la plupart des pays riches, sur les économies émergentes pèsent en effet les risques liés à la réduction des mesures de soutien aux Etats-Unis. Après avoir inondé le système financier, et notamment les pays émergents, de liquidités, la Réserve fédérale américaine (Fed) se prépare à réduire son soutien à l'économie américaine. Cette perspective affole les marchés et provoque d'importantes fuites de capitaux des marchés émergents, les investisseurs se préparant à une hausse des taux dans la première économie mondiale et y rapatriant leurs fonds. Selon les experts de la société de recherche IHS Global Insight, 44 milliards de dollars ont quitté les marchés émergents depuis trois mois, et le mouvement ne fait que commencer. Pour Jan Randolf, économiste chez IHS «non seulement les marchés émergents constituent le moteur de la croissance mondiale depuis la crise financière de 2007, mais les afflux de liquidités de l'ordre du millier de milliards de dollars par an qu'ils ont reçus ces dernières années étaient clairement liés à la réaction monétaire des pays occidentaux à leurs propres crises». A l'issue de la réunion du G20, les banques centrales du G20 ont ainsi répondu à l'appel des pays émergents. «Nos banques centrales se sont engagées sur le fait que les changements futurs de politiques monétaires continueront d'être calibrées avec précaution et clairement communiquées», annoncent les chefs d'Etat des pays riches et émergents du G20 dans leur communiqué final, tout en reconnaissant «que le renforcement (...) de la croissance s'accompagnera d'une transition vers la normalisation des politiques monétaires».
L'échange automatique de données fiscales débutera fin 2015 Les pays du G20 réunis à Saint-Pétersbourg ont fixé hier dans un communiqué conjoint une date pour l'échange automatique de données fiscales, qui doit débuter en pratique fin 2015 pour lutter contre la fraude. «Nous soutenons pleinement la proposition de l'Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde) de mettre en place un modèle réellement international pour des échanges bilatéraux et multilatéraux automatiques d'information fiscale», indique le texte publié à l'issue de la réunion du G20. Le but des échanges automatiques est que les banques transmettent sans être sollicitées des informations sur les avoirs étrangers placés chez elles aux fiscs concernés. Les principales puissances économiques mondiales ont également abordé le thème de «l'optimisation fiscale», en d'autres termes des stratégies de contournement de l'impôt des grandes entreprises : elles «promettent de prendre les mesures individuelles et collectives nécessaire tout en tenant compte du respect de la souveraineté». «Dans un contexte de sévère consolidation budgétaire et de difficulté sociale, il est plus prioritaire que jamais pour nombre de pays de s'assurer que tous les contribuables payent leur dû de manière juste», est-il indiqué. Les pays émergents ont promis par ailleurs, afin de lutter contre «la volatilité financière accrue», de prendre «les mesures nécessaires pour soutenir la croissance et maintenir la stabilité, ce qui comprend des actions pour améliorer leurs fondamentaux, améliorer leur résistance aux chocs extérieurs et renforcer les systèmes financiers». B. A.