Par Ziad Abelhadi «Les concessions agricoles telles qu'accordées actuellement sur la steppe risquent de compromettre dans un proche avenir l'activité des éleveurs ovins.» C'est le point de vue qu'a tenu fermement à faire savoir M. Bensalem Abdelnasser, président du conseil d'administration de la Caisse régionale de mutualité agricole (Crma) de Aïn Sefra (wilaya de Naâma) et propriétaire d'un cheptel important de moutons. Lors de son intervention à la réunion de concertation sur la filière ovine qui s'est tenue jeudi dernier au siège du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. «Ces concessions ne font que réduire le périmètre pastoral, c'est ce qui nous inquiète grandement», a-t-il lancé au ministre Rachid Benaïssa qui présidait la réunion. «Sur les parcours pastoraux qui nous sont strictement nécessaires, des périmètres sont cédés à des tierces personnes. Ces derniers nous interdisent de faire paître nos troupeaux puisqu'ils détiennent un titre de concession. C'est pourquoi je vous demande M. le ministre d'intervenir ou du moins instruire les responsables chargés du dossier des concessions agricoles de ne plus accorder de titres jusqu' à nouvel ordre.» A propos de la cherté sur les étals de la viande rouge le président du conseil d'administration de la Crma a été des plus catégoriques. «Si nous voulons que les prix baissent il faut tout simplement que l'offre soit égale à la demande. Cela veut dire que la production doit augmenter. Mais ce n'est pas en réduisant le périmètre des parcours pastoraux, comme je l'ai signalé auparavant, que cela pourra se faire.» Et de poursuivre : «Il faudra aussi pour que la production augmente mettre à la disposition des éleveurs les quantités d'orge qui leur seront nécessaires et à un prix abordable pour la bonne conduite de leurs élevages notamment quand la couverture végétale fait défaut.» C'est d'ailleurs ce qu'ont demandé bon nombre d'éleveurs présents dans la salle lors de leurs interventions respectives. Certains ont même dénoncé le dysfonctionnement dans la distribution de l'orge au point où «ce complément d'aliment de bétail fait l'objet de spéculation», a lancé de vive voix un éleveur de la région de Mécheria. Et un autre dira que «les quantités d'orges qui nous sont vendues auprès des Ccls sont de loin très inférieures à notre demande. Et pour preuve : on ne m'a vendu que 90 quintaux pour 1 000 têtes et c'est le cas pour tous les éleveurs». Toujours à propos de petites quantités d'orges réceptionnées «pour combler le déficit des besoins réels en orge, nous sommes contraints de nous ravitailler auprès du marché parallèle mais à un prix des plus exorbitant. De 1 150 DA le quintal auprès des Ccls il est cédé en parallèle à 2 700 DA voire même jusqu'à 3 000 DA», a fait savoir un éleveur de Hassi Bahbah. Un éleveur a posé cette question : «Comment se fait-il que des quantités importantes d'orge se trouvent entre les mains de personnes qui n'ont aucune relation avec l'activité?» La réponse a été donnée par un éleveur de M'sila : «Des tierces personnes font dans la fausse déclaration, c'est-à-dire grossir le nombre de leur cheptel en usant de fausses cartes de vaccination.» Après toutes ces interventions c'était au tour du ministre de prendre la parole pour dire : «On est en phase de recherche du meilleur moyen d'organisation de la filière des viandes rouges pour parvenir bientôt à la création d'un conseil interprofessionnel à l'instar de ce qui est réalisé dans les filières avicoles et céréalières.» Et de préciser dans cette perspective : «Cette nouvelle structure regroupera aussi bien les éleveurs que des représentants de la profession et des structures relevant du secteur de l'agriculture.» Selon le ministre, «ce Conseil sera un espace pour débattre des sujets précis afin de renforcer la filière». Cette dernière «a connu plusieurs transformations», a souligné le ministre. Rachid Benaïssa a également mis l'accent dans son intervention sur l'augmentation de la taille du cheptel. Selon lui, l'Algérie compte 25 millions de têtes d'ovins «ce qui est peu par rapport au total de la population qui se rapproche des 39 millions d'habitants». Et de rappeler dans la foulée «au lendemain de l'indépendance le cheptel était de 9 millions d'ovins, soit un mouton par habitant, aujourd'hui ce n'est plus le même rapport». Et d'ajouter que «le niveau de vie n'est plus le même d'où la demande en produit carnet frais n'a cessé de croître». Rachid Benaïssa a fait savoir enfin que la production nationale a connu ces dernières années un essor considérable. Et pour preuve «elle est passée de 3,7 millions de quintaux en 2010 à 4,2 m/qtx en 2011 pour atteindre 4,4 m/qtx en 2012», a-t-il indiqué. Un niveau de production qui reste encore insuffisant par rapport aux besoins de la consommation du pays. «Un déficit qui explique en partie la cherté de la viande rouge», soutiennent de nombreux économistes. Z. A.