Le 13 septembre 1993, Israéliens et Palestiniens signaient les accords d'Oslo. La célèbre poignée de main entre le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin et le représentant de l'Organisation de libération de la Palestine, Yasser Arafat, n'a abouti ni à la paix et ni à la création d'un Etat palestinien. Quelles sont les raisons de cet échec ? Le point de vue des deux des négociateurs de l'époque, un Israélien et un Palestinien, sur cet accord intérimaire qui prévoyait une résolution par étapes du conflit israélo-palestinien et qui a permis une reconnaissance mutuelle entre Israël et l'OLP. Nabeel Shaat a encore l'œil qui pétille lorsqu'il évoque la poignée de main entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin. Pour le négociateur palestinien des accords d'Oslo, c'était le temps de l'espoir pour la paix, un espoir déçu depuis. «Pour moi, explique-t-il, ce qu'il y avait de primordial dans les accords d'Oslo c'est que tout était sur la table : la question des réfugiés, de Jérusalem, des colonies… Il y avait des solutions envisagées. Mais Israël n'a jamais appliqué ces solutions. Et les Etats-Unis ne sont pasintervenus !»Pour Yossi Beilin, négociateur côté israélien, ce sont les extrémistes des deux bords qui ont tué les accords d'Oslo. «Les opposants des deux bords étaient farouchement contre le partage des terres, regrette-t-il. Et ils ont fait tout ce qu'ils ont pu pour empêcher l'établissement de la paix. Le Hamas du côté palestinien, cet Israélien qui a commis un massacre à Hebron. Et puis l'assassinat de (Yitzhak) Rabin lui-même. Tout ça, on ne s'y attendait pas.» Ni Nabeel Shaat ni Yossi Beilin ne croient au succès potentiel des négociations israélo-palestiniennes qui ont repris. Pour eux, il n'y a pas de volonté politique d'aboutir à la paix. Oslo avait apporté la reconnaissance d'une Autorité palestinienne, l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) à l'époque. Il y avait eu enfin un interlocuteur reconnu côté palestinien. L'accord a aussi permis le retour de 300 000 familles palestiniennes. Il prévoyait une autonomie en matière de sécurité notamment, qui a été mise en œuvre dans certaines parties des territoires. Mais les questions concernant le partage de la Terre, les frontières, le statut de Jérusalem, autrement dit la création d'un Etat palestinien ont été remises à plus tard. Oslo n'était qu'un accord intérimaire et la situation s'est ensuite dégradée : attentats, construction du mur de sécurité en Cisjordanie, expansion des colonies... Le processus de paix s'est grippé. Plus aucun dirigeant israélien après la mort de Yitzhak Rabin, en novembre 1995, ne s'est montré aussi prompt à faire des concessions. Des négociations ont repris récemment, mais on est encore loin d'un accord définitif sur le règlement de ce conflit israélo-palestinien. Côté palestinien, les accords d'Oslo ne sont pas vraiment célébrés car ils estiment que rien n'a changé pour eux au quotidien. Côté israélien, on note encore moins d'intérêt. C'est un autre anniversaire qui occupe toute la place ici : les quarante ans de la guerre du Kippour, lorsque l'Egypte et la Syrie avaient attaqué Israël qui ne s'y attendait pas du tout. Cela reste un vrai traumatisme dans la population. On en reparle cette année parce que des archives secrètes ont été déclassifiées, qui révèlent à quel point les militaires de l'époque étaient dans le désarroi. Beaucoup d'événements sont organisés ces jours-ci dans le pays, pour évoquer cette guerre.