Le gouvernement a invité des experts et des associations à exprimer leurs points de vue lors de la conférence économique. Une note de fraîcheur pour des observateurs habitués à couvrir l'événement et connaissant quasiment par cœur les revendications des uns et des autres. Le collectif Nabni a eu la chance ou l'honneur d'être convié à ce qui devait être une Tripartite. Il a pu y exposer ses points de vue. Abdelkrim Boudraa, représentant du collectif, a affirmé que l'Algérie devra diversifier son économie sur la base d'un nouveau modèle de croissance, qui soit indépendant des revenues des hydrocarbures. Pour Nabni, il est impératif de rompre avec le modèle social actuel. Pour cela, il suggère le retour de l'utilisation des revenus des hydrocarbures uniquement dans les opérations de capital et de cesser les subventions et autres transferts sociaux. Il suggérera une rupture totale avec les politiques actuelles en commençant par évaluer toutes les politiques publiques. Sachant que ses propositions sont radicalement opposées au modèle ayant cours en Algérie depuis l'indépendance, Abdelkrim Boudraa expliquera que le collectif n'est pas une «association de fils de bourgeois» mais que leurs propositions prennent en compte des réalités qui surviendront fatalement à moyen et long terme. Mustapha Mekidèche, expert et consultant, a mis en exergue les différentiels de prix de produits subventionnés par l'Algérie et les pays voisins. Il estimera que ces différences font que la contrebande entravera les objectifs que se fixe le gouvernement en matière de développement de l'économie nationale. Pour l'économiste Abdelhak Lamiri, l'université et la formation des jeunes est une urgence. «Nous arrivons à donner à des millions de jeunes une formation de base mais il manque quelque chose. C'est ce ‘'quelque chose'' qui fait que cela ne décolle pas», expliquera-t-il. «L'Algérie est le seul pays au monde à ne pas avoir d'université privée. La Corée du Nord vient de le faire. Serions-nous plus communistes que les Coréens ?», s'est-il interrogé. Pour lui, la croissance et le développement des entreprises passent par une amélioration des formations et de la compétitivité des entreprises. De son côté, le professeur Chemseddine Chitour, mais néanmoins conseiller du Premier ministre, a demandé la parole comme universitaire. Alors que le gouvernement plaide pour une exploitation des hydrocarbures non conventionnels, le professeur Chitour avait, auparavant, dans une intervention dans un quotidien national, exprimé son opposition. Il tentera dans son intervention d'expliquer qu'un autre modèle de croissance est possible pour peu que l'on prenne en compte les changements climatiques. Il expliquera que «l'Algérie ne peut gérer uniquement le quotidien mais qu'elle doit se projeter à l'horizon 2030 et plus». Les économies d'énergies et un autre modèle de consommation et de réalisation de logements permettraient la création de centaines de milliers d'emplois et favoriseraient l'éclosion de savoir-faire à même de réaliser les objectifs de croissance et de création d'emplois. Le collectif Nabni et les trois experts ont montré que l'on pouvait parler d'économie avec passion sans avoir d'autres objectifs que de faire avancer le débat. Un débat qui n'a pas abouti à des conclusions opérationnelles pour l'instant.