L'absence de réformes économiques significatives couplée à l'instabilité politique et macroéconomique, en particulier dans les pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) en transition, «contribuera à freiner le potentiel d'investissement et de croissance, non seulement à court terme mais également au cours des années à venir, à moins que des mesures correctrices ne soient prises», estime l'économiste en chef à la Banque Mondiale (BM) pour la région Mena, Shanta Devarajan. L'instabilité macroéconomique conjuguée aux bouleversements politiques ont ainsi ramené à la baisse les investissements directs étrangers (IDE), note l'institution de Bretton Woods, dans son rapport intitulé «Mena : investir par des temps de troubles». Rappelant qu'au cours des années 2000, les flux des IDE en direction de la région ont suivi la tendance du reste du Monde, la Banque mondiale indique que les bouleversements politiques qui ont traversé plusieurs pays de la région (Tunisie, Egypte, Libye...) «ont affecté le volume et la qualité des IDE et créé un biais des flux en faveur des industries extractives relativement moins créatrices d'emplois, tout en contribuant à réduire les IDE de qualité en direction des industries de la transformation et des services à forte intensité de main-d'œuvre». Selon les auteurs du rapport, les pays de la région Mena «courent le risque de se retrouver pris dans le piège des ressources, à moins de renforcer les institutions et d'améliorer le climat de l'investissement, en particulier la stabilité politique et macroéconomique». Pour M. Devarajan, la solution à la création d'emplois et à la transformation structurelle dans la région passe nécessairement par la protection de l'Etat de droit et des droits de propriété, ainsi que par l'engagement dans des politiques stables et transparentes. L'autre priorité sur laquelle insiste également la BM pour les pays du Mena a trait aux réformes concernant les problèmes qui existent de longue date, notamment les lois appliquées de manière discrétionnaire et inégale, les faveurs faites aux entreprises privilégiées, la qualité de l'éducation et de la formation, le renforcement des compétences et le mauvais fonctionnement des marchés. B. A.