De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Passé l'euphorie de la découverte associative qui avait accompagné, au début des années 1990, l'ouverture démocratique avortée, les associations de la région de Tizi Ouzou ont adopté, depuis une décennie, un profil bas et subissent même une sorte d'éclipse prolongée causée par le peu d'intérêt que leur accorde l'administration. Cela se traduit par des subventions insignifiantes, un soutien logistique plus que dérisoire, des harcèlements administratifs avec des arrière-pensées politiques et la faiblesse de l'encadrement, l'éparpillement des membres directeurs, des contraintes matérielles et, de façon générale, l'hostilité de l'environnement envers les personnes qui militent pour la collectivité dans une société rongée par la violence, une méfiance paralysante, des penchants exagérés pour l'intérêt individuel, les convoitises, le gain facile, la désinformation et l'intox. Dans ces conditions, beaucoup d'associations étouffées par l'absence de moyens sont contraintes petit à petit de diminuer le rythme de leurs programmes et d'autres à l'arrêt définitif de leurs activités, ce qui constitue une véritable perte pour le mouvement associatif local sachant la volonté et les idéaux que nourrissent bon nombre d'éléments de ces défuntes associations. Mais c'est dans cette catégorie qu'on trouve de très rares associations qui continuent malgré tout à donner du bonheur à la société, de la production scientifique et littéraire et autres réalisations d'intérêt général. «Cela fait des années que notre association n'a reçu aucune aide de la part des autorités malgré nos multiples demandes de subvention effectuées dans le respect de la loi. Nos interlocuteurs ne donnent aucune explication à cette situation que les membres de notre association jugent injuste ; pourtant, ce ne sont pas les projets qui manquent. La Kabylie est vierge en matière de recherche et d'exploration dans tous les domaines de l'histoire et de la recherche scientifique», affirme un cadre d'une association qui a plusieurs années d'existence. Son compagnon qualifie d'«indifférente» l'attitude des autorités qui ne répondent pas aux sollicitations de l'association et relève le «peu d'intérêt et de soutien qu'accordent les responsables du secteur aux associations qui font un travail de fond, qui n'apparaissent que lors de fêtes officielles et autres occasions sporadiques pour plaire à tel responsable de wilaya». En attendant de figurer parmi les privilégiées, cette association tourne avec l'argent des cotisations de ses membres et quelques dons de cadres moyens et entrepreneurs de la localité. Un membre d'une autre association soulève le problème de siège que rencontrent des dizaines d'autres associations SDF de la région qui sont obligées à chaque réunion de travail ou organisation d'une activité de quémander auprès des particuliers. «Des locaux sont disponibles au niveau de notre commune et à chaque fois qu'on demande l'octroi d'un siège on nous répond toujours par des subterfuges. On nous dit que les locaux sont déjà attribués, les autorisations d'attribution faisant foi, selon les différents interlocuteurs. On nous répond aussi que la répartition de ces locaux n'est pas du ressort de l'APC ou de la daïra, ce qui est faux», souligne Kamel, trésorier de cette association qui cumule plusieurs années d'expérience dans l'organisation des activités culturelles. Ce problème renvoie à l'absence d'infrastructures dédiées à la culture dans la région qui souffre beaucoup de ce vide, lequel se répercute sur le quotidien de la population. Il faudra, en effet, user de tous les moyens pour bénéficier d'une salle pour des activités dans la quasi-totalité des 67 communes de la wilaya de Tizi Ouzou où le manque d'infrastructures essentielles à la vie dans la cité est plus qu'inquiétant. Cela dit, un cadre à la direction de la jeunesse et des sports (DJS) tient à souligner la «faiblesse» de la formation des cadres dirigeants de la plupart des associations de la wilaya, ce qui influe sur le rendement et la qualité des activités de ces associations qui sont «demandeuses de telles formations mais ne trouvent pas souvent des solutions à cela».