Malgré un contexte international sérieusement mal en point, l'économie algérienne a toutes les ressources nécessaires pour sortir indemne de la crise. La rassurante perspective, maintes fois réitérée par les membres du gouvernement, se trouve aujourd'hui partagée par plusieurs organismes et observatoires internationaux. Il faut dire que le président Bouteflika insiste fortement sur le parachèvement des grands chantiers publics lancés ces dernières années et la poursuite des efforts consentis dans la promotion des investissements privés et étrangers. La recette s'avère payante. Dès le début de la crise financière mondiale aux Etats-Unis et son dramatique effet boule de neige en Europe et en Asie, l'Exécutif du Premier ministre Ahmed Ouyahia n'a pas cessé d'affirmer que l'Algérie serait à l'abri de cette tempête planétaire, même si celle-ci avait naturellement des incidences «rectifiables» sur certains secteurs d'activité liés à l'effondrement prévisible des cours du pétrole brut. Ce dernier point sera d'ailleurs débattu, mercredi prochain, lors de la réunion extraordinaire des membres de l'OPEP + la Russie à Oran. On s'achemine vers une limitation conséquente des quotas pour ramener les prix à un seuil acceptable. Cette garantie qui revient donc comme un leitmotiv dans les déclarations du ministre des Finances, Karim Djoudi, de celui de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, ainsi que du gouverneur de la Banque centrale d'Algérie, Mohamed Laksaci, se veut comme un gage de confiance en direction du front social, des investisseurs et des déposants qui forment le moteur de la croissance. Un optimisme qui gagne aussi des partenaires étrangers de plus en plus disposés à placer leurs fonds dans un marché algérien plus dynamique que jamais. Articulant son argumentaire sur cette même logique, le Fonds monétaire international prévoit un impact «minimal» de cette récession euro-américaine sur l'économie algérienne. Dans son rapport de l'année 2008, le FMI prévoit des taux de croissance de 4,8% pour l'exercice en cours et de 4,5% pour l'année 2009 et 2010 avec à la clé une réduction sensible du taux d'inflation. Des prévisions positives que des experts indépendants ont reprises à leur compte. Ainsi, Oxford Business Group (OBG) vient d'en brosser un tableau également positif et prédit des résultats satisfaisants à court terme. Les prévisions de la célèbre firme londonienne de consulting et de recherche en la matière sont, en effet, optimistes. «La diversification de plus en plus importante de l'économie algérienne, notamment dans les secteurs de l'industrie, de la construction et de l'habitat ainsi que l'exploitation rationnelle des domaines pétroliers et minier sont autant d'indices qui montrent les bonnes perspectives de développement économique en Algérie et son corollaire, la croissance», estime Robert Tashima, directeur éditorialiste pour l'Afrique du Nord auprès de OBG. L'expert souligne à ce sujet l'importance des équilibres macroéconomiques acquis grâce à la disponibilité de réserves financières mobilisables au profit de l'investissement. Une situation qui est même bénéfique pour l'Algérie, en sa qualité de marché émergent, dans la mesure où cette conjoncture lui a permis d'attirer davantage d'IDE, destinés d'ordinaire à ces marchés qui sont présentement plombés dans les pays développés. La décision récente de deux géants de l'industrie automobile chinoise de s'installer en Algérie en est un indice fiable. L'option prise par le groupe Changhe Automobile -qui ambitionne de produire in situ une moyenne de 50 000 véhicules de tourisme par an- et celle de son «compatriote», le constructeur Shaanxi -qui table sur une demande avoisinant 19 000 véhicules industriels et minibus- obéissent fondamentalement à cette dynamique positive du marché algérien. Les grands fonds d'investissements du Moyen-Orient s'intéressent aussi de très près aux opportunités offertes par l'Algérie dans les domaines de l'immobilier, de l'agriculture et des industries chimiques. Contrairement aux recommandations d'austérité qui prônent la réduction drastique des dépenses publiques, le dernier Conseil des ministres, présidé dimanche dernier par le chef de l'Etat, s'est voulu offensif en mettant l'accent sur l'importance de l'effet d'entraînement que produisent justement les investissements étatiques sur l'ensemble du système. C'est comme qui dirait : la meilleure défense, c'est toujours l'attaque. K. A.