Les perspectives de l'économie algérienne, à court et moyen terme, suscitent en ce moment un riche débat au sein des sphères décisionnelles et parmi les observateurs et les consultants autonomes. En cette fin d'année 2008, le gouvernement, ses partenaires socio-économiques et les experts indépendants développent des lectures -parfois contraires, mais souvent convergentes- au sujet de la crise économique mondiale et son impact sur l'Algérie. Malgré un contexte international sérieusement mal en point, on est unanime à croire que l'économie algérienne a les atouts nécessaires pour s'en sortir à bons frais. La différence dans les points de vue des uns et des autres réside seulement dans le mode opératoire qu'il va falloir adopter durant les trois années à venir : investir ou se serrer la ceinture ? La politique, pour le moment payante, du président Bouteflika, prône le parachèvement des grands chantiers publics lancés ces dernières années et la poursuite des efforts consentis au profit de la promotion des investissements privés et étrangers dans l'agriculture, l'industrie et les services. Une généreuse stratégie qui donne toujours ses fruits, puisque tous les voyants sont aujourd'hui au vert, et le marché national intéresse de plus en plus de partenaires étrangers. Cette rassurante perspective constitue l'axe principal des interventions récentes du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, devant les deux chambres du Parlement. Dès l'apparition des premiers signes de la récession planétaire, l'Exécutif n'a cessé d'affirmer que l'Algérie serait en mesure d'y faire face, même si on a naturellement prévu des incidences remédiables sur certains secteurs d'activité liées au recul des cours du pétrole. Une garantie qui revient dans les déclarations de nombreux responsables, comme le ministre des Finances, Karim Djoudi, celui de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, ainsi que le gouverneur de la Banque centrale d'Algérie, Mohamed Laksaci. Leurs prévisions chiffrées se veulent comme un gage de confiance en direction du front social, des investisseurs et des déposants qui forment le moteur de la croissance. Cet optimisme gagne aussi des opérateurs étrangers disposés à placer leurs fonds sur un marché algérien relativement plus dynamique. Articulant son argumentaire sur cette même logique, le Fonds monétaire international prévoit un impact «minimal» de cette récession euro-américaine sur l'économie nationale. Dans son rapport de l'année 2008, le FMI prévoit des taux de croissance de 4,8% pour l'exercice en cours et 4,5% pour les années 2009 et 2010 avec à la clé une réduction sensible du taux d'inflation. Des prévisions positives que des experts indépendants ont reprises à leur compte. En effet, Oxford Business Group (OBG) va dans le même sens et prédit des résultats satisfaisants à court terme. «La diversification de plus en plus importante de l'économie algérienne, notamment dans les secteurs de l'industrie, de la construction et de l'habitat, ainsi que l'exploitation rationnelle des domaines pétrolier et minier sont autant d'indices qui montrent les bonnes perspectives de développement économique en Algérie et son corollaire, la croissance», note la célèbre firme londonienne de consulting et de recherche dans son dernier rapport sur la question, en soulignant l'importance des équilibres macroéconomiques acquis grâce à la disponibilité de réserves financières mobilisables au profit de l'investissement. Contrairement aux recommandations d'austérité qui prêchent la réduction drastique des dépenses publiques et le gel des aides dégagées au développement local et à l'investissement, les experts mettent l'accent sur l'importance de l'effet d'entraînement que produisent les investissements étatiques sur l'ensemble du système. Une option active capable de prévenir des situations autrement plus préjudiciables, car la thésaurisation n'a jamais créé quoi que ce soit. K. A.