C'est aujourd'hui que s'ouvre le sommet mondial du G20 à Londres. Tous les regards seront braqué sur ce rendez-vous pour tenter de trouver des réponses à la pire crise économique et financière que le monde ait connue depuis celle de 1929. En effet, après six mois de débats et de réunions préparatoires, trois dossiers prioritaires seront au menu. Il s'agit en premier lieu de la stabilisation des marchés financiers et bancaires ; en deuxième lieu, la réforme du système financier international, et enfin, la relance de l'économie mondiale. Un autre sujet a, par ailleurs, pris une importance considérable ces dernières semaines. Il s'agit de l'adoption d'une liste noire des paradis fiscaux établie par l'OCDE. Le sommet du G20 revêt, par le contexte dans lequel il se déroule, une dimension historique. Dans cette perspective le G20 va-t-il réussir à amortir la crise ? En outre, le monde trouvera-t-il un consensus pour freiner l'aggravation de la crise ? L'armada de chefs d'Etat réunis aujourd'hui détiennent-ils la solution pour arrêter l'hémorragie qui asphyxie l'économie ? Le diagnostic semble désormais partagé, la régulation financière constituera bien l'épicentre du G20. Il reste à définir quelle option à prendre. La gravité de la situation et la nécessité absolue d'éviter toute aggravation suggèrent de préparer un plan consensuel. Dans cette optique, et selon des experts en économie, des accords ont été obtenus lors des multiples concertations. Parmi ces accords, les plans de relance déjà engagés par ses membres pour contrer la récession, en prenant garde de ne pas promettre de nouvelles dépenses. L'effort budgétaire total du G20 est estimé à 2 500 milliards de dollars sur deux ans, soit 2 % du PIB mondial un montant conforme aux exigences du FMI. Concernant, la politique monétaire, les banques centrales seront appelées à baisser les taux d'intérêt et à les maintenir le plus bas possible aussi longtemps que nécessaire pour soutenir la demande. Mais le sauvetage du secteur financier reste le point central du G20. Sur ce point, des plans de soutien aux banques, apport de liquidités, recapitalisation, garantie des dettes ont été entamés déjà. Il est à noter que les plans de sauvetage du secteur financier engagés par les membres du G20, depuis l'année écoulée, se sont chiffrés à quelque 4 000 milliards de dollars. Le renforcement des ressources du FMI est une question aussi pertinente, en augmentant les nouveaux accords d'emprunt de 500 milliards de dollars. Selon des experts, le G20 rappellera la nécessité de lutter contre tout protectionnisme. Depuis leur dernière rencontre à Washington en novembre dernier, 17 pays sur les 20 ont pris des mesures protectionnistes. Une nouvelle monnaie de réserve mondiale Néanmoins Pékin ainsi que plusieurs pays émergents veulent mettre sur le tapis les dangers d'une dévaluation du dollar et ses répercussions sur plusieurs économies. Dans ce sens, le gouvernement chinois propose de créer une nouvelle monnaie de réserves internationale. A quelques jours du G20, la Chine est montée à l'offensive sur le rôle du dollar et la réforme du FMI. Dans ce sillage, le gouverneur de la Banque centrale chinoise a appelé à une nécessaire réforme du système monétaire mondial, sans laquelle les «mesures fiscales et monétaires ne servent à rien». La proposition semble avoir été préparée et coordonnée avec un certain nombre d'autres pays. Aussi, les négociations sont toujours en cours sur un grand nombre de points. Parmi ces points, la liste noire et sanctions contre les paradis fiscaux. Le principe d'une publication de listes de juridictions non coopératives ; les Européens veulent obtenir la publication de trois listes, les paradis fiscaux, les pays qui ne respectent pas les normes anti-blanchiment, et ceux qui ne coopèrent pas en matière de délits financiers. Les Etats-Unis ne veulent hausser le ton que sur la fraude fiscale. Le renforcement des capitaux propres des banques figure aussi parmi les points de discorde. A cet effet, les ministres des Finances du G20 ont conclu un «accord politique», le 14 mars dernier sur «le renforcement du capital des banques en haut de cycle et sur la limitation de l'effet de levier» pour conduire les banques à prendre moins de risques et mieux protéger leurs bilans. Enfin, il est à noter que l'idée d'une gouvernance financière supranationale est abandonnée. Les Etats garderont la surveillance et la régulation de leurs propres places financières. Ils devront seulement s'engager à respecter des principes décidés en commun. Mais y aura-t-il une garantie pour respecter ces codes de bonne conduite ? Et surtout y aura-t-il consensus ? Il est vrai que les intérêts divergent or l'avenir de l'économie mondiale dépend de cette énième rencontre. Hamid Si Salem