Photo : Zoheïr Par Billal Larbi Comme annoncé initialement, la grève d'une semaine du secteur de la santé a commencé hier à travers les différents hôpitaux d'Algérie. Sous la houlette de cinq syndicats, en l'occurrence le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), le Syndicat national algérien des psychologues (SNAPSY), le Syndicat national des maîtres assistants en sciences médicales (SNAMASM), le Syndicat national des professeurs et docents en sciences médicales (SNPDSM) et le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), les blouses blanches sont déterminées à se faire entendre afin que leurs doléances, que la tutelle a pourtant jugées recevables, ne restent pas au stade de vœu pieux et qu'elles se traduisent sur la réalité du terrain. Au cours d'une visite que nous avons effectuée hier au CHU Mustapha, point de mire de milliers de citoyens, il nous a été donné de constater que l'activité était quasi inexistante. Il n'y avait pas de consultations, de même que le bloc opératoire pour la chirurgie (toutes spécialités confondues) ne fonctionnait pas. Au regard de son caractère sensible, seul le service des urgences était opérationnel. «Nous nous étonnons au sujet du fait que, d'un côté, la tutelle reconnaît la légitimité de nos revendications et, d'un autre côté, elle ne fait rien pour les satisfaire. Nous demandons que la dignité du médecin soit assurée. Nous n'avons que des revendications socioprofessionnelles, nous ne faisons pas de politique», nous dira le Dr Sobeihi, médecin spécialiste en anesthésie, également membre de la section syndicale du CHU Mustapha, ajoutant que l'écrasante majorité des médecins est convaincue que le problème de fond est inhérent au système de santé. Un autre médecin relèvera la passivité des pouvoirs publics quant à une réelle prise en charge des revendications des blouses blanches et parlera de la pression à laquelle les médecins font face quotidiennement. «C'est à croire que les gens ne connaissent que l'hôpital Mustapha. Des structures sanitaires ne jouent pas le jeu. Pour ne pas fournir d'efforts, elles optent pour la solution de facilité consistant à nous envoyer leurs malades», relèvera-t-il. A l'hôpital Maillot, le même constat est fait. Un silence de cathédrale régnait dans l'enceinte de cette structure sanitaire. Hormis le service de pédiatrie, les autres services étaient à l'arrêt. Les médecins étaient convaincus que l'action qu'ils mènent est de longue haleine. «Les officiels parlent du nécessaire retour des cerveaux expatriés afin que ces derniers puissent contribuer à l'effort de développement du pays. Me concernant, je poserais le problème autrement. Je dirais qu'il y a plutôt lieu de tout faire pour retenir ceux qui sont en poste car, pour ceux qui sont partis, l'espoir de les voir retourner au bercail est quasiment nul», nous dira un médecin. Un autre s'attardera sur le volet formation continue et perfectionnement des praticiens. «Comparés à nos voisins marocains et tunisiens, force est de constater que nous sommes logés à une mauvaise enseigne», nous dira-t-il. A la sortie de l'hôpital, un citoyen commentera à sa manière la grève des médecins spécialistes. «C'est tout à fait normal qu'ils fassent grève. Il est on ne peut plus légitime qu'un médecin spécialiste, dont le cursus universitaire est très long, soit rémunéré à sa juste valeur», soulignera-t-il