Photo : Riad De notre envoyé spécial à Oran Ali Boukhlef En ouvrant, hier à Oran, la 151ème réunion extraordinaire de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), le président de la République veut frapper fort. Plus qu'un discours de circonstance, Abdelaziz Bouteflika a servi à son auditoire –et au monde industrialisé- un plaidoyer pour la baisse de la production de l'organisation, une baisse qui entraînera la stabilisation des prix du pétrole sur le marché international. «Je vous conjure de décider, et je souhaite que vous exécutiez», a en effet lancé le président Bouteflika du haut de la tribune de la salle Mascara de l'hôtel Sheraton d'Oran à une assistance qui semble acquise à sa cause. Pour argumenter ses propos, il s'est interrogé sur la nécessité de maintenir les plafonds de production actuels puisque les prix chutent brutalement : «Pourquoi continuer à inonder le marché avec des quantités de pétrole qui n'auraient pas d'acquéreurs ?» «Les règles de bonne gouvernance nous obligent à prendre des décisions économiquement rationnelles et humainement justes», suggère-t-il. Avant d'arriver à une situation où les prix du baril ont chuté de 5O% en deux mois, dit-il, le monde a vécu une crise économique sans précédent. «L'année 2008 a été marquée par une crise financière d'une gravité exceptionnelle, rappelant par certains aspects celle de 1929 et la grande dépression qui s'en est suivie», a rappelé le chef de l'Etat, qui impute la crise économique mondiale à un système «irresponsable» : «La crise actuelle est avant tout une crise financière liée au modèle économique dominant.» «Ce n'est pas celle de l'énergie», puisque «la spéculation est l'une des causes de la forte hausse des prix du pétrole suivie d'une chute vertigineuse des prix», poursuit-il. En somme, Abdelaziz Bouteflika impute la chute des prix aux pays industrialisés et non aux producteurs. «Malgré les efforts de l'OPEP, le marché pétrolier se trouve déstabilisé suite aux conséquences de politiques irresponsables, ayant débouché sur l'éclatement de la bulle financière et la crise que connaît l'économie mondiale en cette fin 2008», a-t-il souligné. Pourtant, rappelle-t-il aux pays occidentaux, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, dont l'Algérie, a tenu ses promesses à chaque fois que c'est nécessaire : «Faut-il rappeler que les pays de l'OPEP ont fait d'énormes sacrifices pour maintenir une capacité de production inutilisée, afin de répondre à toute demande additionnelle rapide, comme ce fut le cas lors de la rupture de production dans le golfe du Mexique, suite au passage de violents ouragans ?» A noter que Abdelaziz Bouteflika avait reçu, dans la soirée de mardi à hier, des ministres de pays membres de l'organisation. Il s'est s'est aussi longuement entretenu avec le vice Premier-ministre russe chargé de l'énergie, Igor Sechin, dont la présence suscite la curiosité des médias du monde entier, très nombreux à Oran. Avant le président Bouteflika, c'est Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines et président de l'OPEP, qui a ouvert le bal en souhaitant que l'organisation adopte une position responsable permettant la baisse de la production. Une option sur laquelle un consensus est apparemment trouvé, selon les informations qui circulent à Oran. Quoi qu'il en soit, le discours de Abdelaziz Bouteflika ne laissera insensibles ni les producteurs de pétrole ni les consommateurs.