De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi C'est pratiquement le même langage qui revient à chaque manifestation locale quant à la relance du secteur économique dans la wilaya de Constantine. Elle dispose de terres inexploitées, soit un potentiel foncier estimé à des milliers d'hectares, selon le président de la Chambre de commerce et d'industrie Rhumel (CCIR). Néanmoins, ce potentiel brut cherche après un véritable investissement susceptible de booster le secteur et d'engendrer par conséquent de l'emploi. On dirait que la capitale de l'Est a scellé son sort économique. Autrement dit, elle se contente uniquement des deux pôles existants, ces dernières années, à savoir l'agroalimentaire et la production pharmaceutique qui couvre 35% des besoins nationaux. D'aucuns estiment qu'il est nécessaire de développer davantage ces deux industries devenant le prototype de l'industrie à Constantine aux côtés de la mécanique, en vue d'accaparer le gros lot du marché à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. Il est vrai que les promoteurs de ces deux projets s'étaient frayé un chemin de la production en roue libre, tant le terrain de l'investissement était vierge et les crédits bancaires ne se faisaient pas prier pour donner le coup de pouce initial. Ajoutez à cela les assiettes exploitées, pignons sur rue. Que reste-t-il du foncier industriel intra-muros pour engager des investissements complémentaires ? A vrai dire, le système du «CALPI» aura tout «bouffé» à Constantine sans vraiment faire fructifier l'objectif pour lequel des lots de terrains ont été attribués. Des mises en demeure seront expédiées aux bénéficiaires. Le cocotier ne sera pas assez secoué …Ainsi, il sera hasardeux, voire prétentieux, de se féliciter que des industries, autres que celles citées, figurent sur la cartographie économique. Constantine en plein chantier (ville universitaire de 50 000 places pédagogiques, tramway, logements LSP, stade, tronçon de l'autoroute Est-Ouest…) s'occupe beaucoup plus des travaux de construction (BTPH). La majorité des entreprises, notamment les PME, ont versé dans ce créneau juteux. Si simple qu'elle soit, la sous-traitance reste garantie dans un marché sur ! Sur un autre chapitre, la ville tente de titiller le tourisme qui, selon les «hommes d'affaires locaux», revêtira un cachet particulier une fois ses chantiers achevés. Il contribuera à la métamorphose économique de la cité. Sur papier, les investissements locaux se bousculent au portillon et, pourtant, la réalité du terrain est tout autre. «On ne comprend pas vraiment ce qui bloque les investissements à Constantine», devait s'interroger un promoteur immobilier. On aurait misé gros sur les œuvres de la Chambre de commerce et d'industrie qui joue le rôle de passerelle entre les «entrepreneurs locaux» et ceux venus d'outre-mer par le biais des ambassades. Constantine a cumulé beaucoup de visites entrant dans le cadre de la relance économique activée par le protocole de partenariat. Au décompte, il faudrait chercher les projets fructifiés. Ces derniers sont tous en phase d'étude, pour ne pas dire abandonnés. Lors du passage de l'ambassadeur du Canada avec son chargé de mission économique au CCIR, un vaste champ vierge d'activités lui a été débité par le président d'institution. Agriculture, élevage, bâtiment… Cependant, étant donné les aspirations allant de concert avec les promoteurs constantinois, on ne serait pas sorti de l'auberge : c'est le secteur du bâtiment qui prédominera la cartographie économique. Du moins jusqu'au remplissage des parcelles dégagées à cet effet. Les entreprises locales revendiquent souvent le «savoir étranger» des cycles de formation au profit du personnel ce qui justifie pour le moins le malaise d'un secteur dominant aux pieds d'argile. La ville accuse un déficit de 25 000 logements, comme l'a attesté le chairman du CCIR aux hôtes canadiens au mois de novembre dernier. Les Grenoblois étaient les derniers à vouloir concrétiser des projets dans le cadre du jumelage entre les deux métropoles. Encore des projets en perspective… mais Constantine exploite mal le secteur dont la copie, incontestablement, est à revoir par les spécialistes.